Congrès Mondial de l’UICN : la nécessité d’une action concertée pour les enjeux biodiversité et climat

Du 3 au 11 septembre 2021 s’est tenu le Congrès Mondial de la Nature, rendez-vous de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. A l’occasion de cet évènement, l’OID vous propose un retour sur les évènements marquants de la semaine.

 

Créée en 1948, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) rassemble des organisations de tous continents pour œuvrer en faveur de la préservation du vivant à l’échelle planétaire. Largement reconnue pour son travail sur l’élaboration des Listes rouges qui attribuent des statuts de conservation aux différentes espèces, l’UICN tient tous les quatre ans le Congrès Mondial de la Nature. Initialement prévu en juin 2020 et décalé en raison de la pandémie mondiale, le Congrès Mondial de la Nature de Marseille s’est finalement tenu en cette rentrée 2021, du 3 au 11 septembre.

 

Les avancées en matière de biodiversité : un Congrès productif

Parmi les temps forts de cet évènement, l’actualisation de la Liste rouge qui sonne le tocsin sur l’état de conservation de la biodiversité à l’échelle planétaire, avec 28% des espèces menacées d’extinction sur les près de 40 000 espèces observées. Cet évènement a également été l’occasion d’adopter un certain nombre de motions et recommandations. Outre les motions d’orientation des travaux de l’UICN, plusieurs d’entre elles doivent permettre de tracer les trajectoires globaux pour les États et organisations, comme la protection des forêts matures en Europe et leur restauration, la lutte contre la pollution lumineuse, ou encore les recommandations qui devront alimenter les négociations internationales de 2022 dans le cadre de la COP15 sur la Diversité Biologique pour l’élaboration du Post-2020 Global Biodiversity Framework, dont une version draft avait déjà été publiée en juillet dernier. A la clôture de l’évènement, le Manifeste de Marseille a été adopté par l’ensemble des participants pour communiquer sur les messages clés de la semaine.

 

Climat et biodiversité : des luttes conjointes pour une trajectoire durable

L’une des particularités de ce Congrès a également résidé dans l’élargissement des perspectives et le développement d’une vision plus systémique pour aborder les problématiques liées à la biodiversité, insistant sur les liens avec le changement climatique, la santé, ou encore l’agriculture. Le renforcement des liens entre biodiversité et changement climatique doit notamment se faire avec la création d’une nouvelle commission sur le changement climatique. Y seront notamment traitées les thématiques liées au déploiement des Solutions d’Adaptation fondées sur la Nature, les SaFN.

Ce parallèle entre climat et biodiversité dans les débats internationaux avait déjà été fait à l’occasion d’un groupe de travail en collaboration entre le GIEC et l’IPBES au premier semestre 2021. Ces orientations préfigurent des prochains grands rendez-vous internationaux : la COP26 pour le Climat à Glasgow du 1er au 12 novembre 2021, et la COP15 pour la Diversité Biologique prévue, dont la session de négociations se tiendra du 25 avril au 8 mai 2022, lors desquels un décloisonnement des stratégies internationales sera indispensable pour assurer un succès.

 

L’engagement de la France pour favoriser la prise en compte de la biodiversité 

La France, pays hôte de l’évènement, a profité de cette occasion pour réaffirmer ses engagements à venir en matière de lutte contre l’érosion de la biodiversité. Parmi ces éléments, l’engagement de porter 30% de son territoire sous protection à horizon 2022, qui figurait déjà dans la Stratégie Nationale pour les Aires Protégées publiée début 2021. De surcroît, la France a fait part de sa volonté de renforcer la prise en compte des enjeux de biodiversité en matière de risques financiers, engagement qui fait écho avec un rapport récemment publié par la Banque de France sur les BRFR, les Biodiversity-related financial risks. D’après ce même rapport, 42% des actions et obligations détenues par des institutions financières françaises sont émises par des entreprises fortement ou très fortement dépendantes d’au moins un service écosystémique. Pour le secteur de l’immobilier, ce rapport souligne une dépendance du secteur vis-à-vis des services de support (services rendus par des sols stables), des services d’approvisionnement, en eau particulièrement, ainsi que des services de régulation, notamment de protection vis-à-vis des inondations et tempêtes.

 

Après une période marquée par la pandémie mondiale, il semblerait que les problématiques environnementales liées à la biodiversité et au climat se placent en haut de l’agenda politique international. Si le Congrès Mondial de l’UICN reste limité dans son pouvoir contraignant pour les États, la COP26 pour le Climat et la COP15 pour la Diversité Biologique devront se saisir de l’opportunité générée pour développer un cadre cohérent et atteignable pour structurer les actions des États lors de cette décennie cruciale à venir.

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