Pas de solution miracle pour l’adaptation au changement climatique

Pour faire face au changement climatique, nous pourrions être tentés d’imaginer une recette miracle à appliquer à nos bâtiments. Celle-ci n’existe pas, il faut systématiquement contextualiser le risque physique climatique et vérifier que les solutions adoptées sont les plus adéquates. Pour vous aider dans cette tâche, l’OID ajoute dans son Guide des actions adaptives au changement climatique des repères de suivi, des alertes sur la maladaptation, des fiches conditions sine qua non et des solutions fondées sur la nature.

En 2021, l’OID a publié la première version du guide des actions adaptatives au changement climatique destiné aux acteurs du territoire et du secteur de l’immobilier. C’est un outil d’aide à la décision qui a pour objectif de faciliter la mise en œuvre d’une stratégie d’adaptation d’un site en proposant des solutions variées et les informations essentielles à connaître pour leur application. Pour cette nouvelle année, le guide a été mis à jour avec des repères de suivi pour chaque solution adaptative ainsi que l’ajout de nouvelles fiches.

Ce guide comprend 44 fiches d’actions adaptatives et 5 fiches « Conditions Sine Qua Non » détaillant les conditions essentielles à respecter pour une mise en œuvre réussie des actions adaptatives.

Voici une infographie mettant en lumière les « conditions sine qua non », accompagnée d’un aperçu des actions adaptatives proposées, à l’échelle du bâtiment et plus largement du territoire :

Dans le cadre d’une stratégie d’adaptation, une fois les risques climatiques identifiés via une analyse de risque (Bat-ADAPT), des solutions vont être envisagées. Le Guide des actions adaptatives au changement climatique propose aux acteurs souhaitant adapter leurs bâtiments, une palette d’actions qui peuvent être mises en place. Toutefois, il n’existe pas de solution miracle pertinente dans chaque situation. Chacune doit alors être étudiée au regard de nombreux critères qui varient selon les caractéristiques intrinsèques du site (équipements présents, usages du site, contraintes techniques, etc.) ainsi que l’environnement dans lequel le site s’intègre (situation géographique, contexte écologique, équipements sensibles à proximité, etc.).

Parmi les multiples clés de réflexion permettant d’identifier les solutions pertinentes à mettre en œuvre dans le cadre de la stratégie d’adaptation, l’OID en propose trois. Celles-ci ont été déterminantes dans la structuration de la mise à jour de ce guide :

1. Prioriser les Solutions d’Adaptation Fondées sur la Nature (SAFN)

Le GIEC préconise, dans la mesure du possible, le recours aux Solutions d’Adaptation Fondées sur la Nature (SAFN), et cette recommandation est reprise par la Taxinomie Européenne. En se reposant sur la conservation, la gestion et la restauration des écosystèmes, les SAFN permettent d’apporter de nombreux co-bénéfices (notamment pour la biodiversité) et ont la particularité d’être souvent plus résilientes et sobres en termes de ressources et d’énergie que les solutions grises (techniques). Elles ont de plus des retombées positives à des échelles spatiales plus larges et participent à améliorer la résilience climatique du territoire. En contrepartie, le vivant s’inscrit dans le temps long pour se constituer et s’organiser puis devenir mature et résilient. Les bénéfices peuvent donc prendre du temps à se faire ressentir en comparaison à certaines solutions techniques où les effets peuvent être plus directs (arbitrage entre végétalisation et climatisation par exemple). C’est la raison pour laquelle il y a urgence à agir dès aujourd’hui pour l’adaptation des bâtiments, en amont des aléas climatiques et non seulement en réponse, et à réaliser des arbitrages intégrant les freins et leviers intrinsèques à chaque solution. Dans ce contexte, de nouvelles fiches SAFN ont été ajoutées au guide (celles-ci sont encadrées sur l’infographie ci-dessus).

2. Anticiper les maladaptations potentielles de chaque solution envisagée

De nombreuses initiatives privilégient actuellement une réduction immédiate des risques, adoptant ainsi une réflexion à court terme. Cependant, cette approche limite les possibilités d’initier une transformation significative au sein de nos sociétés. Il est impératif d’opter pour une planification à long terme, multisectorielle et inclusive afin d’éviter la maladaptation (cf. critère DNSH 3 et Critère contribution substantiel (CCS) de l’adaptation dans la Taxinomie Européenne). En effet, toutes les solutions disponibles sont susceptibles de générer des maladaptations. Elles sont définies comme des mesures d’adaptation ayant des incidences négatives, notamment à travers :

  • un report de vulnérabilité temporel ;
  • un report de vulnérabilité spatial ;
  • un report de vulnérabilité sur d’autres systèmes ou écosystèmes ;
  • une action qui devient un facteur d’aggravation si les incertitudes liées au changement climatique n’ont pas été prises en compte.

L’OID a examiné de manière approfondie ces quatre aspects ce qui a permis d’enrichir chaque fiche en y intégrant des éléments de réponse dédiés aux maladaptations potentielles. Cette approche vise à fournir des points de départ pour la réflexion (plutôt qu’une vue d’ensemble exhaustive) des acteurs de l’adaptation, les aidant ainsi à prévenir la maladaptation et élaborer une stratégie d’adaptation des plus pertinentes.

3. Mettre en place un suivi et des ajustements

Pour garantir le succès de la stratégie, un suivi régulier avec des indicateurs définis, des objectifs et des actions correctives dans le cas où les objectifs ne seraient pas atteints est essentiel (cf. Critère CCS de l’adaptation dans la Taxinomie Européenne). La formation et le soutien continu des équipes opérationnelles chargées de mettre en œuvre les actions sont tout aussi importants. Ainsi, dans cette mise à jour du guide, l’OID propose des repères de suivi sous forme d’indicateurs pour chaque action adaptative. Ces repères sont élaborés dans le but de simplifier le suivi des actions adaptatives à intégrer dans vos stratégies et plans d’adaptation. Ils sont conçus pour vous assister dans la définition des indicateurs et des objectifs à fixer.

Ces indicateurs servent de banc d’essai. L’efficacité des actions adaptatives n’est pas garantie d’emblée et il est nécessaire de les expérimenter et de les évaluer pour déterminer leur succès dans le contexte de l’adaptation. L’OID accueille avec enthousiasme les retours des utilisateurs sur le guide en général ainsi que l’efficacité des actions par rapport au suivi réalisé par les acteurs, dans le but de consolider ces propositions d’indicateurs.

Chaque aléa nécessite une analyse de risque et la sélection d’actions adaptatives appropriées. Toutefois, il est crucial de comprendre que ces choix peuvent varier d’un bâtiment à un autre, et cette dynamique peut évoluer constamment. Plutôt que de privilégier des actions isolées aux effets limités, le guide encourage une approche systémique avec une stratégie d’adaptation intégrant de multiples actions, basée sur un diagnostic de risque spécifique. Dans une approche combinée d’adaptation et d’atténuation, ces actions visent à réduire la vulnérabilité des bâtiments face aux aléas, tout en adoptant une démarche sobre.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Gaëlle Peschoux, chargée de projet adaptation à l’OID

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