Retour sur la conférence du 9 novembre : Présentation des résultats France du GRESB 2021 et trajectoires de décarbonation

L’OID et le GRESB ont organisé le 9 novembre une conférence de présentation des résultats 2021 du GRESB. L’occasion de revenir sur la place des enjeux ESG dans les stratégies opérationnelles des 30 répondants français, qui présentent des scores supérieurs à la moyenne européenne et globale, et de faire un point sur les objectifs de décarbonation des acteurs de l’immobilier français. Une table ronde avec plusieurs retours d’expérience sur la mise en place d’une trajectoire de décarbonation a suivi cette présentation.

 

Les enjeux ESG sont de plus en plus importants que ce soit en France ou à l’international. A l’occasion d’une conférence organisée autour des résultats du GRESB 2021, l’accent a été mis sur les trajectoires de décarbonation fixées par les répondants et renseignées dans le questionnaire GRESB. En évaluant et comparant les sociétés immobilières, le GRESB vise à améliorer la gestion des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance dans ce secteur.

 

Quelles tendances ressortent des résultats mondiaux pour 2021 ?

La présentation des résultats du GRESB 2021 pour les marchés européen et monde a été effectuée par Charles Van ThielCAIA, Real Estate Director – GRESB. Loïs MoulasDirecteur général – OID, a, quant à lui, présenté les résultats au GRESB 2021 pour le marché français.

La situation sanitaire (Covid-19) n’a pas freiné la participation. En effet, le GRESB a observé en 2021 une augmentation de 24% du nombre de répondants, sur tous les continents, soit 1 520 entités représentant 117 000 actifs. Charles Van Thiel signale : « nous avons observé un nombre croissant de participants qui ont soumis leurs données ESG de performance à des entreprises tierces afin d’en vérifier, assurer la validité, ce qui constitue un signal extrêmement positif, car la qualité de la donnée ESG reste un obstacle très majeur dans son utilisation ». Chaque année depuis 2010, le score GRESB augmente légèrement avec l’exception de 2020 correspondant à la restructuration de l’évaluation, une recalibration du benchmark. C’est l’Océanie qui affiche une performance au GRESB model la plus élevée.

 

Les acteurs français surperforment les scores GRESB

En 2021, 30 sociétés françaises ont participé et obtiennent un score global supérieur à la moyenne européenne et mondiale, en hausse de 15 points par rapport à 2020. Loïs Moulas explique que « poussés par une réglementation contraignante, les acteurs cotés sont plus matures dans la manière de mettre en place des politiques ESG. Toutefois, en France, les acteurs non cotés rattrapent leur retard, ce sont ces acteurs qui expliquent l’amélioration du score français ». L’évolution la plus importante se situe au niveau du score de performance et notamment aux notes associées au reporting de données énergétiques, GES, eau et déchets. Les répondants français se placent par ailleurs au premier rang mondial des utilisateurs de certifications environnementales.

Pour les activités de development, les répondants affichent une amélioration de leur score global de 15 points également par rapport à l’année passée. Les acteurs français sont plus présents en termes de certifications environnementales liées à la construction/rénovation ou d’intégration des parties prenantes. Le volet gestion des déchets devrait continuer de progresser avec la réglementation à venir.

 

Trajectoires de décarbonation : quelle trajectoire de décarbonation pour les répondants ?

Cette année, pour mettre en perspective les résultats des répondants avec l’actualité, une analyse des objectifs de décarbonation des répondants a été conduite. Cette analyse montre que les sociétés françaises prévoient d’atteindre la neutralité carbone à horizon 2050. L’objectif pour 2030 renvoie à une réduction de 59% des émissions. Ces trajectoires se basent sur les scopes 1 et 2, et intègrent les consommations énergétiques qui concentrent la majorité des émissions de gaz à effet de serre d’un bâtiment en phase d’exploitation.

Delphine Mourot souligne « l’intérêt était de rapporter cette trajectoire basée sur les ambitions des répondants français au GRESB par rapport aux ambitions fixées par la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) qui fixe l’objectif de la neutralité carbone en France, décliné en budgets sectoriels ». Pour le secteur du bâtiment, la SNBC prévoit à horizon 2033 une réduction de budget de 56% par rapport à 2015 et de -95% à horizon 2050. La trajectoire tracée sur la base des objectifs des répondants du GRESB montre que ces deux objectifs de réduction devraient être atteints avec une avance de trois ans pour le budget 2033 et de 10 ans pour le budget 2050. Delphine Mourot précise toutefois qu’« il est important de rappeler que cette observation n’est pas sectorielle, elle caractérise uniquement les 30 répondants du GRESB 2021. Cette interprétation est à manier avec prudence mais fournit une lecture sur cette trajectoire prospective ».

Depuis quelques années il y a une décarbonation du secteur dans les pays européens. En manifestant une avance par rapport à la réglementation, les résultats du GRESB pour le marché français invitent à s’interroger sur les outils et les stratégies de décarbonation des acteurs. C’est autour de cette question que s’est organisée la deuxième partie de cette conférence, lors d’une table ronde avec plusieurs acteurs de l’immobilier.

 

Table ronde : comment mettre en place une stratégie de décarbonation ?

Audrey Servadio, Responsable RSE – Mercialys, a présenté la stratégie de décarbonation de la foncière, qui s’est fixé pour objectif -47% des émissions de gaz à effet de serre scopes 1 & 2 par m² et –46% des émissions liées aux consommations d’énergie des locataires par m² à horizon 2030. Ainsi que d’autres objectifs tels que la réduction des émissions liées aux déplacements des collaborateurs, liées au traitement des déchets d’exploitation. La définition de cet objectif s’est faite en deux étapes : la première phase repose sur la quantification des émissions des scopes 1, 2 et/ou 3. La seconde phase se traduit par la définition de la trajectoire. Pour fixer leurs objectifs en matière de décarbonation, les acteurs disposent d’outils tels que le GHG Protocol, la Science Based Target Initative, le CRREM, etc.

Audrey Servadio souligne ici l’aspect structurant de la validation de la trajectoire par l’organisation scientifique SBTi, et indique que « pour les sociétés qui ont plus des deux tiers de leurs émissions sur le scope 3, l’engagement sur ce scope est obligatoire, ce qui n’est pas le cas pour les sociétés qui ont leurs émissions concentrées sur les scopes 1 et 2 ».

Marine Guiot, Directrice Achats France BeLux, Responsable RSE France – JLL, note qu’un bon tiers des entreprises avec lesquelles ils interagissent se sont engagées sur des programmes en lien avec l’Accord de Paris. Parmi les outils de trajectoire de décarbonation plébiscités par les acteurs, la démarche des SBT apparaît comme particulièrement structurante. L’entreprise de conseil a d’ailleurs publié en 2021 une étude riche en enseignements sur la transition du secteur immobilier intitulée « Vers un immobilier bas carbone » en juillet 2021.

Le CRREM, pour Carbon Risk Real Estate Monitor, est également utilisé, davantage dédié au secteur tertiaire. Cet outil dispose du plus grand nombre de scénarios par typologies d’actifs. De manière générale, même au-delà du secteur de l’immobilier, Marine Guiot constate un réel engagement des acteurs français dans la mise en place de stratégies de décarbonation : « le risque financier lié à une potentielle inaction n’est plus remis en doute. Nous sommes sûrs de la création de valeur dans le déploiement de stratégies vertes ».

Stéphanie Chevallier, Cheffe de Projet Ville Durable, Direction RSE – Nexity, a également présenté la stratégie de décarbonation pour l’activité de promotion immobilière de Nexity. Elle déclare que : « les activités de promotion immobilière représentent 80% du chiffre d’affaires de Nexity, ce qui se traduit dans les émissions de GES ». Tout comme Mercialys, Nexity a rejoint l’initiative SBT. Dans l’élaboration de leur trajectoire, Nexity a fixé des seuils de performance par type de projet en se basant sur les évolutions du cadre réglementaire notamment le label E+C ou la RE2020. Stéphanie Chevallier précise que : « pour enclencher une stratégie de décarbonation et infléchir la courbe des émissions, nous avons fixé une baisse relative par rapport un projet standard datant de 2015. Pour tous les nouveaux projets, il faut se placer en-dessous de ce seuil ». Le champ d’action porte notamment sur les matériaux de construction et la réduction des consommations énergétiques.

 

L’enjeu d’atténuation du changement climatique constitue un axe d’action prioritaire pour le bâtiment, qui représente un quart des émissions de gaz à effet de serre du pays. Si les engagements affichés par les leaders français sont prometteurs, il reste indispensable d’intensifier les efforts. Ainsi les outils de trajectoire 2°C, qu’il s’agisse du SBT, du CRREM ou d’ACT constituent un moyen de fiabiliser les engagements volontaires des acteurs. Afin d’accompagner les professionnels de l’immobilier dans l’élaboration de leur stratégie climat, l’OID a mis en place une réflexion collective sur la compréhension du poids carbone du bâtiment sur son cycle de vie complet et les pistes pour réduire son impact.  

 

Merci encore aux intervenant.e.s pour leur participation à la conférence et leur relecture de cet article.

Retrouvez le support de présentation de la conférence, et la vidéo de rediffusion en ligne.

 

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