Plusieurs outils bas carbone sont maintenant à disposition des acteurs du bâtiment, tels que la méthode rénovation réemploi élaborée par le Conseil Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB) pour le label bas carbone depuis l’été 2021.
Dans ce contexte foisonnant et propice, les collectivités et acteurs locaux réfléchissent et lancent des initiatives bas carbone de leur côté. C’est le cas de la ville de Paris et de la métropole du Grand Paris (MGP) qui viennent de lancer leur projet de Coopérative Carbone territoriale.
Lancement de la Coopérative Carbone territoriale :
Afin de poursuivre sa stratégie neutralité carbone à 2050, la ville de Paris et la Métropole du Grand Paris lancent un projet de coopérative carbone territoriale, qui vise à être un moyen véritablement éthique de compensation carbone à l’échelle du territoire de la métropole du Grand Paris. Les trois objectifs de ce projet sont la compensation carbone des émissions de CO2 incompressibles, l’atteinte de la neutralité carbone sur le territoire et surtout le soutien à des porteurs de projets du territoire métropolitain. En effet, l’originalité de cette démarche s’appuie sur la place accordée à l’ancrage territorial : le but est d’inviter des acteurs du territoire de la métropole du Grand Paris à compenser et réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) en soutenant des porteurs de projets implantés sur le territoire métropolitain uniquement.
Cette initiative prend la forme juridique d’une Société Coopérative à Intérêt Collectif (SCIC) et se veut un lieu d’échange et d’expertise réunissant une pluralité d’acteurs autour de la transition écologique et de la neutralité carbone, en plus de sa fonction d’outil de compensation carbone.
Par ailleurs, les objectifs sont de compenser 3 milliards de tonnes équivalent CO2 (MTeqCO2) et de réduire de 112 GWhc la consommation d’énergie du territoire métropolitain sur 10 ans. De même, il est visé de reverser 130 millions d’euros aux porteurs de projets sur 10 ans.
Un Appel à Manifestation d’intérêt (AMI) pour trouver des investisseurs intéressés par la démarche pour aider à financer le fonds d’amorçage vient d’être lancé et se clôturera le 15 mars. Ce fonds d’amorçage serait de 2 millions d’euros minimum, et 50% serait financé par les acteurs publics, 50% par des acteurs privés, avec un ticket d’entrée d’environ 200 000 euros. Vous pouvez retrouver plus de détails sur l’initiative ici.
Vers la création d’un nouveau label ?
En parallèle de la Coopérative Carbone territoriale, la ville de Paris réfléchit à la création d’un label local pour valoriser les initiatives de transition écologiques dans les projets urbains, notamment ce qui concerne la lutte contre les îlots de chaleur, la préservation de la biodiversité en ville, le développement des mobilités douces…En effet, les labels et certifications déjà existants tel que le CEE ou le label bas carbone du Ministère de la Transition Ecologique ne prennent pas en compte ce pan de la transition écologique. Ce nouveau label, en cours de réflexion, serait développé dans le cadre de la Coopérative Carbone territoriale.
Ce label local fait écho aux réflexions menées par l’OID, la ville de Paris et l’agence Parisienne du climat dans le cadre du projet Paris Action climat.
Un projet qui s’inscrit dans un contexte de concertation entre plusieurs acteurs de l’immobilier :
En effet, afin de concerter tous les acteurs du territoire dans le cadre du pan climat de la ville de Paris, depuis 2017 l’OID, l’agence Parisienne du Climat et la Ville de Paris organisent des task forces autour de la construction et de l’immobilier durable. Les objectifs de ces ateliers sont d’identifier les freins et les leviers sur les thématiques abordées, faciliter le partage d’expériences, engager des actions concrètes pour accélérer la transition écologique et enfin cibler des actions qui pourraient être réalisées en partenariat avec la ville de Paris. Depuis 2017, divers ateliers portant sur le choix des matériaux de construction et de rénovation à Paris, les labellisations et certifications des bureaux, les systèmes frigorifiques durables ont notamment été organisés.
Dans la lignée de ces travaux s’est tenu en novembre dernier à l’Hôtel de Ville de Paris, un atelier mené par l’OID , réunissant acteurs publics et privés du secteur, et portant sur les réflexions autour des dernières méthodologies du label bas carbone appliquées au bâtiment. Les équipes de la Ville de Paris ont alors présenté leurs premières réflexions sur le développement du label local lors de ce temps d’échanges.
Le label local : vers le développement d’une nouvelle méthodologie ?
L’un des objectifs de la Coopérative carbone territoriale est d’être un lieu d’échange propice au développement de nouvelles méthodologies dans le secteur de la labellisation et de la compensation carbone. Dans le but de créer un nouveau label local centré sur les projets urbains, la ville de Paris et la MGP veulent s’inspirer du label bas carbone crée en 2018 par l’Etat, qui permet de compenser ces émissions de CO2 en finançant des projets ayant un impact positif sur l’environnement, et de la méthode rénovation développée par le CSTB, première méthodologie du label bas carbone pensée pour le secteur du bâtiment spécifiquement.
Actuellement, cette méthode est utilisable mais très centrée sur le réemploi. Lors de la task force de novembre dernier sur le sujet du label bas carbone, il a été mis en lumière un élément à valoriser dans le cadre d’une nouvelle méthodologie : la prise en compte de la biodiversité dans le calcul, actuellement considérée comme un simple « co-bénéfice ». Par exemple, valoriser des bâtiments prenant en compte la biodiversité pourrait être intéressant et pertinent. De plus, cette méthode pourrait permettre de créer un outil de comptabilisation de différentes actions, et ainsi d’avoir des règles harmonisées sur les émissions de GES. En effet, même si dans le cadre d’une trajectoire de réduction de son empreinte carbone il n’y a pas de financements à aller chercher, des acteurs pourraient être intéressés d’avoir une méthode pour comptabiliser ces émissions de CO2 et leur réduction. Enfin, il est à noter que les investisseurs dans la Coopérative Carbone territoriale pourront participer au développement de la méthodologie autour de ce nouveau label local.
Conclusion
Pour rappel, le secteur du bâtiment émet environ 80 millions de tonnes de CO2 chaque année, et ces émissions doivent être divisées par 2 d’ici à 2030 afin d’arriver à la neutralité carbone en 2050. Par conséquent, tous les acteurs doivent s’associer afin de transitionner vers des villes bas carbone. Ainsi, toutes les initiatives doivent converger pour relever ce défi majeur, et les coopératives territoriales peuvent être un excellent levier à développer, soutenir et déployer sur tous les territoires.
Pour aller plus loin :
Label bas carbone : vers une compatibilité carbone harmonisée. OID
Label BBCA et label bas carbone : quelles différences ? OID
Le label BBCA : initier une dynamique bas carbone. OID