De Cali à Rome, la COP16 : transformer l’immobilier pour préserver la biodiversité

Face aux défis croissants de la dégradation de la biodiversité et de l’adaptation climatique, les conférences internationales jouent un rôle clé dans la définition de stratégies innovantes. Les récentes éditions du COP16, à Cali et à Rome, ont mis en lumière l’urgence d’intégrer des solutions fondées sur la nature dans les politiques urbaines et environnementales. Ces événements ont souligné la nécessité d’une approche holistique, alliant réduction de l’empreinte carbone, adaptation aux changements climatiques et promotion de la biodiversité, pour répondre aux enjeux sociétaux contemporains. 

COP16 à Cali : un sentiment d’incertitude 

La 16ᵉ Conférence des Parties (COP16) à la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique s’est tenue en deux sessions distinctes : la première à Cali, Colombie, du 21 octobre au 1ᵉʳ novembre 2024, et la seconde à Rome, Italie, du 25 au 27 février 2025. Ces sessions ont reflété des dynamiques contrastées, marquées par des défis initiaux et des succès ultérieurs. L’événement a dynamisé l’économie locale et mis en lumière les efforts conjoints des secteurs public et privé colombiens. Pour la première fois, la conférence a été ouverte au grand public, attirant des milliers de visiteurs et renforçant la sensibilisation à la biodiversité.  

Malgré des avancées notables, telles que la création d’un groupe permanent pour les peuples autochtones et d’un nouveau fonds pour partager les bénéfices des ressources génétiques, la conférence s’est achevée sans consensus sur des sujets cruciaux comme la mobilisation des ressources financières et l’établissement d’un cadre mondial pour évaluer les progrès. Les négociations ont été suspendues faute de quorum, laissant un sentiment d’inachèvement parmi les participants.  

Cependant, la COP16 a également mis en évidence des défis importants, notamment en matière de financement. Le fonds de 200 milliards de dollars proposé pour piloter le Cadre mondial de la biodiversité (CMB) reste incertain, et la plupart des pays n’ont pas respecté la date limite pour soumettre leurs plans d’action en faveur de la biodiversité. Les pays les plus riches s’étaient engagés à verser 20 milliards de dollars d’ici 2025. Les ressources sont bel et bien disponibles. Pour rappel, pendant la pandémie de COVID-19 (2020-2022), les gouvernements ont alloué 16 billions de dollars en soutien budgétaire. La crise environnementale est tout aussi urgente, voire plus. Environ 20 % de ces fonds ont été réservés aux communautés autochtones et locales, en première ligne, qui prennent souvent des risques pour protéger la nature et sauraient utiliser ces ressources de manière plus efficace. Nous ne pouvons pas les laisser de côté. 

COP16 à Rome : une réussite notable 

Face aux échecs de Cali, une session extraordinaire de la COP16 a été organisée à Rome en février 2025. Cette fois, les délégués ont réussi à surmonter les divergences et ont adopté des décisions clés, notamment la création d’un nouveau fonds mondial pour la biodiversité sous la gouvernance de la COP, prévu pour être opérationnel d’ici-là COP30. Un accord sur un financement annuel de 200 milliards de dollars d’ici 2030 pour la protection de la biodiversité. Les nations se sont engagées à mobiliser 20 milliards de dollars par an pour les pays en développement d’ici 2025, montant qui passera à 30 milliards d’ici 2030. De plus, le Plan-cadre mondial pour la biodiversité a été finalisé, visant à protéger 30 % de la planète et à restaurer 30 % des écosystèmes dégradés d’ici 2030. La création du « Fonds Cali » a également été confirmée, permettant aux industries bénéficiant de la biodiversité de contribuer financièrement aux efforts de conservation.  

Cette avancée a été perçue comme une étape majeure vers la réalisation des objectifs du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal.  

Implications pour le secteur immobilier 

Les décisions issues de la COP16 impactent le secteur immobilier. Aujourd’hui, intégrer la biodiversité dans les projets immobiliers n’est plus une option mais une nécessité absolue, dictée par des réglementations environnementales de plus en plus exigeantes et par des attentes sociétales en constante évolution. À l’échelle nationale, le troisième Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC-3), présenté le 10 mars, illustre bien cette dynamique. Ce plan met en lumière l’importance d’une planification globale pour répondre aux transformations requises dans chaque secteur, afin d’éviter des maladaptations et des conflits d’usages grandissants lorsque ces enjeux sont traités isolément. La biodiversité n’est plus simplement un choix, elle complète désormais la lutte contre le changement climatique pour garantir le succès de nos actions d’adaptation. 

Les promoteurs immobiliers sont désormais incités à repenser leurs approches traditionnelles et à adopter des pratiques fondées sur la nature. Par exemple, l’aménagement d’espaces verts en milieu urbain ne se contente pas d’embellir les quartiers : il contribue également à atténuer l’effet d’îlot de chaleur, à améliorer la qualité de l’air et à offrir des lieux de détente pour les habitants. Parallèlement, la préservation des habitats naturels, en maintenant des corridors écologiques et en intégrant des zones de conservation dans les projets, permet de soutenir la biodiversité locale et de favoriser la continuité des écosystèmes. 

L’utilisation de matériaux durables et écologiques dans la construction représente également un levier important pour réduire l’empreinte carbone des bâtiments et promouvoir une économie circulaire. En adoptant ces pratiques, le secteur immobilier peut non seulement se conformer aux normes environnementales, mais aussi jouer un rôle moteur dans la transition écologique, en créant des environnements urbains plus sains, résilients et agréables à vivre. 

En somme, la transformation du secteur immobilier par l’intégration de la biodiversité illustre la convergence des enjeux économiques, environnementaux et sociaux, positionnant ainsi les acteurs du marché comme des partenaires clés dans la lutte contre le changement climatique et la dégradation des écosystèmes.

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