Le mercredi 13 octobre 2021, l’OID organise une conférence sur l’immobilier et le temps, qui proposera une réflexion sur notre rapport au temps et comment notre perception de celui-ci a une influence sur la ville durable et respirable, à laquelle nous aspirons toutes et tous. Nous nous pencherons également sur des initiatives en la matière et la manière dont certains organismes se sont saisis de la question du temps, au travers d’une table ronde et de témoignages d’experts.
Contexte
Depuis un certain nombre d’années, on observe une « accélération du temps », accompagnée de la volonté de maitrise de celui-ci. Paradoxalement, en parallèle de cette accélération, notre rapport au temps change et plus la société accélère, plus nous aspirons à un nouveau modèle qui concilie ce temps avec notre bien-être. Thématique peu étudiée par les acteurs de l’immobilier et de l’urbanisme, la dimension temporelle de la ville commence à être considérée pour imaginer un nouveau modèle de ville malléable et adaptable. Et si ralentir était la clef ? Comment l’évolution de notre rapport au temps impacte-t-elle la ville ?
Appréhender les différentes temporalités
Grâce aux prouesses technologiques et numériques, les rythmes de travail se diversifient alors que les rythmes urbains s’accélèrent. Face à cette augmentation des opportunités accessibles, le sociologue Harmut Rosa conclut que nous vivons en permanence avec la sensation de manquer de temps. L’individu se retrouve ainsi aliéné par l’urgence du court terme. Par conséquent, ces pressions de l’immédiateté biaisent nos capacités de projection vers un futur souhaitable car elles nous empêchent de prendre le recul nécessaire pour réfléchir sur l’avenir. Cela est de plus en plus inquiétant, sachant que l’urgence de la crise écologique devrait nous pousser à mettre en place des solutions dès maintenant. Tout l’enjeu est de réussir à appréhender et combiner les différentes temporalités dans la ville (temporalité des vies humaines, des bâtiments, des politiques, des projets urbains, des saisons, des catastrophes environnementales…). Chaque individu et chaque phénomène a sa temporalité, et il est donc nécessaire de prendre en compte les spécificités de chacune d’entre elle pour construire une ville à l’écoute de celles-ci.
La crise sanitaire : émergence de nouvelles temporalités
Notre rapport au temps n’a eu de cesse d’évoluer ces dernières années, notamment avec l’essor des nouvelles technologies de communication et des transports. Plus dernièrement, la crise sanitaire a transformé durablement notre relation au temps et à la ville. En effet, la démocratisation du télétravail a un profond impact sur la mobilité, l’offre de services et, plus globalement, l’aménagement des territoires. Ce basculement est directement lié à la pandémie actuelle, qui nous a contraint à nous acclimater à ce mode de travail, assez marginal il y a peu. Aujourd’hui, même avec la normalisation de la situation sanitaire, un retour en arrière est très peu envisageable. La flexibilité du télétravail et des outils technologiques a en effet permis à chacun d’organiser ses propres horaires selon ses besoins et ses responsabilités. De surcroit, l’expérience des confinements nous a fait réfléchir à cette dimension temporelle : sur nos modes de vies ou bien notre temps consacré au travail, aux transports et aux loisirs. Cela a éveillé une envie de liberté, d’indépendance et de souplesse chez beaucoup d’entre nous.
Les pistes et actions sur le terrain pour une « écologie temporelle »
Face à ces défis, la fabrique urbaine doit s’adapter aux temporalités. Plusieurs solutions ont été abordées via le prisme des politiques temporelles de la ville, développées en France par le chercheur Jean-Yves Boulin. Ces dernières se focalisent sur les problématiques de temporalité dans l’espace urbain et misent sur des mesures qui apportent plus d’accessibilité spatio-temporelle. L’association « Tempo Territorial » a pour objectif de les promouvoir en incitant les collectivités à observer et comprendre les usages et rythmes de vie. L’association a notamment travaillé avec la Métropole de Rennes qui a, depuis, promu le télétravail en heures de pointe pour éviter les engorgements dans les transports. A Lyon, le travail sur les politiques temporelles a amené à une mobilité concertée avec des entreprises afin de proposer des déplacements domicile-travail plus adaptés. D’autres exemples à l’international visent à diminuer l’usage de la voiture et à inciter le télétravail comme à Copenhague, où les bâtiments de bureaux de plus de 1500 m2 de superficie de plancher à plus de 600 mètres d’une gare ont été interdits.
Temporalité et bâtiment : Vers des villes modulables
La ville du XXe siècle, marquée par des constructions de grands ensembles, par des séparations de zones à usage unique (travail, loisirs, services ou logement) ne peut plus répondre à nos aspirations ni aux défis climatiques. Les territoires ne sont plus des espaces figés mais modulables. Il est donc possible de capitaliser sur leur polyvalence pour les adapter à nos contraintes temporelles. Le secteur immobilier se doit se pencher sur les solutions de décentralisation des services essentiels et de flexibilité, à l’image des « villes du quart d’heure » théorisées par Carlos Moreno : des espaces urbains où tous les services essentiels au quotidien sont accessibles à moins de 15 minutes en vélo ou à pied de chacun.
Ce sont toutes ces pistes que nous vous invitons à découvrir durant cette conférence, pour assurer le déploiement d’une « écologie temporelle » à l’échelle des villes, permettant aux hommes et aux territoires de (re)trouver le bon tempo !
Programme et intervenants de la conférence du 13 octobre 2021
Grand intervenant :
− Pierre CASSOU-NOGUES, Philosophe et Ecrivain
Table ronde d’acteurs de l’immobilier :
− Xavier GAUVIN, Responsable Innovation – Bouygues Construction
− Béatrice GUEGUINIAT, Responsable des projets d’Organisation du Travail et du Futur du Travail – MAIF
− Maxime LANQUETUIT, Directeur de l’Innovation Groupe – Altarea
Intervention d’expert :
− Alain GUEZ, Architecte-urbaniste, professeur à l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy, chercheur au Laboratoire Architecture Anthropologie
Infos pratiques
– La Conférence aura lieu de 9h à 12h au RaiseLab (18 Rue de la Font au Roi, 75011 Paris).
– Le pass sanitaire est obligatoire dans ces locaux et tous les participants seront contrôlés.
– La conférence sera rediffusée en Live sur Youtube. Les personnes en distanciel recevront un lien la veille.
– Un accueil/petit-déjeuner sera proposé avant la conférence.
Inscription
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