Retour sur la conférence du 17 octobre : Présentation des résultats France au GRESB 2019

L’OID et le GRESB ont organisé le 17 octobre chez CBRE une conférence de présentation des résultats 2019 des répondants français au GRESB, qui précisent la place des enjeux ESG dans les stratégies opérationnelles des acteurs immobiliers. Pour la première fois, le score moyen des 28 répondants français surpasse le score des répondants européens et monde.

La présentation des résultats du GRESB 2019 pour les marchés européen et monde a été effectuée par Charles Van ThielAssociate Real Estate – GRESB, et Loïs MoulasDirecteur – OID, a, quant à lui, présenté les résultats au GRESB 2019 pour le marché français.

En évaluant et comparant les sociétés immobilières, le GRESB vise à améliorer la gestion des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance dans ce secteur. L’évaluation prend en compte différentes dimensions parmi lesquelles la stratégie, le suivi, les indicateurs de performance, l’engagement des parties prenantes et les certifications. En 2019, le GRESB couvre tous les continents, 1 005 sociétés, représentant 100 000 actifs. Par ailleurs, 2019 marque les 10 ans d’activité du GRESB. Le GRESB collecte et agrège des données depuis cette période. Des efforts réalisés par les répondants GRESB ont été mesurés. Au niveau des consommations énergétiques, une réduction de l’équivalent des consommations de 654 645 maisons a été observé. Concernant les émissions de GES, la réduction observée est de 1 015 100 voitures individuelles et la réduction des consommations d’eau représente 212 254 piscines olympiques. Charles Van Thiel regrette néanmoins que « les participants GRESB, pour l’instant, ne sont pas assez ambitieux sur les performances ESG, vu l’urgence climatique et les ambitions des politiques. […] L’industrie immobilière en est encore au stade où collecter la donnée est un enjeu. ».

En 2019, 28 sociétés françaises ont participé et obtiennent un score équivalent à la moyenne européenne, faisant partie du Top 3 des répondants européens. Les acteurs français ont nettement progressé depuis 2018, notamment sur la gestion des risques et les indicateurs de performance. 25 répondants français sur 28 obtiennent le statut de Green stars, alors qu’en 2015, seuls la moitié des répondants obtenaient de tels scores. La progression se fait surtout sur la gestion des risques et les indicateurs de performance. Loïs Moulas précise : « aujourd’hui, 33% du score GRESB est assuré par le reporting énergie-eau-déchets et la structuration d’un système de management environnemental (EMS) », domaine où les acteurs français sont dans la moyenne. L’engagement des parties prenantes s’avère être en revanche un point d’amélioration pour les répondants français. Ils se placent au premier rang mondial des utilisateurs de certifications environnementales, cependant Loïs Moulas rappelle : « un immeuble certifié n’est pas nécessairement vert, contrairement aux idées répandues ».

Un changement de la structure du benchmark du GRESB sera effectué en 2020. Selon une approche plus modulaire et plus flexible, il partagera l’évaluation en deux, avec une composante management à ne remplir qu’une fois par structure, et une composante performance pour l’actif évalué. Le GRESB entend ainsi valoriser les leaders du marché en récompensant un management cohérent et pertinent.

Ludovic ChambeDirecteur Développement Durable et RSE – CBRE, a ensuite présenté la démarche de CBRE sur la thématique du confort & bien-être, qui semble « s’être imposée dans les pratiques des acteurs de l’immobilier. Elle est devenue une thématique obligatoire dans l’évaluation GRESB. ». Ce constat rappelle celui de l’OID dans la dernière étude sur le Confort & le bien-être à l’heure des nouveaux modes de travail dans laquelle le portrait sociologique du Jungler, a été identifié, et sa capacité à jongler avec les lieux et services dans la « jungle urbaine » physique et virtuelle. En tant qu’utilisateur et Property manager, CBRE intègre de plus en plus ces aspects – depuis 2018, 30% des espaces de bureaux gérés par CBRE ont basculé vers une prise en compte du confort – à travers les paramètres physiques de l’immeuble (connectique, espaces de travail collaboratif, etc.) et les services proposés au locataire (conciergerie, activités sportives au sein des bâtiments, etc.).

Felipe GordilloSenior ESG Analyste – BNP Paribas Asset Management, a livré les grandes lignes du dernier rapport de l’IIGCC (Instutional Investors Group on Climate Change), dont l’objectif est d’influencer les Investisseurs Institutionnels pour qu’ils prennent des engagements sur le changement climatique. Le but est de traduire les recommandations de la TCFD (Task Force on Climate-related Financial Disclosures) pour les secteurs économiques, en particulier l’immobilier ; la première cible étant l’immobilier coté. En effet, c’est un secteur dans lequel l’intensité de CO2 est très importante. La prise en compte de ces enjeux climatiques par la gouvernance de l’entreprise aura un impact direct sur la décision de mettre en œuvre un plan climat pour l’entreprise. Ainsi, Felipe Gordillo alerte sur le fait que « les entreprises incapables de mettre en place une stratégie climatique d’ici 2030 vont devenir obsolètes ».

Selon Felipe Gordillo, les recommandations de la TCFD peuvent être intégrées de manière plus efficace dans les règlementations nationales car portées par les banques centrales. Le guide sera composé de 6 sections : la gouvernance et l’implication du Conseil d’Administration sur la mise en œuvre du plan climat de l’entreprise, la stratégie déployée face aux scenarii climatiques, la gestion des risques, les objectifs & indicateurs climatiques et leur traduction en termes financiers, la transparence et la communication aux investisseurs, et la politique de lobbying cohérente entre les intérêts des entreprises et les acteurs du climat. Le rapport de l’IIGCC sera publié en novembre 2019.

Afin d’accompagner les membres de l’OID dans l’élaboration de leur stratégie climat, l’OID a mis en place une réflexion collective sur l’adaptation des bâtiments au changement climatique et sur la compréhension du poids carbone du bâtiment sur son cycle de vie complet. Ces travaux sont publics et donneront lieu, notamment, à la mise en ligne d’un outil open-source pédagogique de cartographie des risques climatiques physiques pour les bâtiments.

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