Vert, économe, smart, les qualificatifs utilisés pour décrire un bâtiment respectueux de son environnement sont nombreux. Sont-ils pour autant appropriés ou simplement marqueurs de tendances ? Voici quelques idées reçues sur ce sujet.
Un bâtiment durable n’est pas forcément un bâtiment « smart ». Si les systèmes intelligents peuvent aider à optimiser la gestion du bâtiment, leur fabrication nécessite des ressources. Ils ne sont par ailleurs pas toujours bien paramétrés ou adaptés aux usages effectifs. Malgré l’appui que peut apporter la technique pour optimiser la gestion du bâtiment, la transition écologique est avant tout sociale et requiert des occupants qu’ils comprennent leur impact sur l’environnement et leurs leviers d’action.
Un bâtiment durable n’est pas forcément un bâtiment certifié. Une certification environnementale pour la construction n’est pas une garantie suffisante de la performance énergétique et environnementale du bâtiment en exploitation. Les bâtiments de bureaux ayant une certification en construction ou rénovation ont une consommation énergétique inférieure de 7% à l’indicateur de consommation énergétique de l’ensemble des bâtiments de bureaux, d’après le Baromètre de la performance énergétique et environnementale des bâtiments publié par l’OID. Un bâtiment bien conçu n’est pas forcément bien géré.
Un bâtiment durable peut évoluer dans le temps, dans ses usages et ses équipements. Sa conception n’en fige pas les usages. Il n’est pas enfermé dans des équipements techniques spécifiques. Il est également résilient face au changement climatique. Le programme Bat-ADAPT porté par l’OID en partenariat avec la Ville de Paris le souligne : les bâtiments actuels ne sont pas adaptés pour faire face aux aléas climatiques tels que les vagues de chaleur, les retraits-gonflements des argiles et les inondations qui affectent déjà et affecteront de plus en plus le territoire.
Un bâtiment durable est sobre en ressources, de la conception à l’exploitation puis à la déconstruction. Il est conçu et géré selon les principes de l’économie circulaire et est low tech. Cela inclut le recours aux matériaux de réemploi et la mise en place de boucles locales par exemple pour l’énergie, comme le souligne l’étude « L’immobilier entre dans la boucle », publiée en 2018 par l’OID, et les études sur les matériaux biosourcés et les matériaux de réemploi publiés en 2019 par l’OID, la Ville de Paris et l’Agence Parisienne du Climat. La démarche low tech s’appuie notamment sur la simplicité, la sobriété et la réparabilité. En ligne de mire, la responsabilisation de l’usager.
En filigrane se dessine une troisième dimension essentielle pour un bâtiment durable : le lien avec le territoire. Du côté des achats, la construction et les rénovations d’un bâtiment durable font la part belle aux matériaux locaux. En exploitation, l’emploi local est soutenu. Enfin, un bâtiment durable répond à un besoin du territoire, par exemple via l’accueil de différents occupants selon les moments de la journée ou l’inscription du bâtiment dans la vie du quartier, des illustrations étant l’ouverture de locaux vides à des associations ou encore l’ouverture des services présents dans le bâtiment aux riverains.