Les nouvelles mobilités, source de transformation de la ville ?

semaine européenne de la mobilité ! A cette occasion, de nombreuses manifestations sont organisées partout en Europe. A titre d’exemple, la ville de Paris a organisé, dimanche dernier, la « Journée sans voitures ». L’occasion pour l’OID d’étudier les nouvelles mobilités et leur impact sur la fabrique de la ville, thématique qui sera abordée le 26 septembre lors de la prochaine conférence Immobilier & Prospectives (inscriptions à ce lien).
 

La mobilité, un enjeu au cœur de la ville durable

La mobilité est centrale dans les stratégies de développement durable des villes.  Ainsi, en 2007, une étude ADEME-Novethic révélait que les acteurs de la société considéraient que la « Proximité des services et des transports en commun » constituait un des principaux enjeux pour un immobilier durable (source : Boisnier 2013, disponible à ce lien).
Les modes de vie et de travail se transforment, et la notion d’espace urbain prend peu à peu la place de la définition classique de la ville. La mobilité est désormais au cœur des attentes des citoyens, passant de sa dimension purement technique de « transport » et d’acheminement de voyageurs, à une notion beaucoup plus globale de développement urbain et d’inclusion sociale. Elle fait donc partie intégrante des questions de développement et d’organisation des activités urbaines, à travers la question de l’accessibilité des différents lieux de vie dans une logique de territoires et d’intégration territoriale. La mobilité est devenue un défi technique, urbain et institutionnel replaçant les transports au cœur des nouveaux modèles urbains recentrés autour de la place de l’individu en ville. Elle doit se penser dans un contexte d’évolution de modèles urbains et péri-urbains.
 

La mobilité durable, ou comment transformer la ville

La mobilité durable concerne les trois dimensions du développement durable : le domaine social, car la mobilité est discriminante (coût, disponibilité et accessibilité) ; le domaine économique car la croissance de l’économie est fortement reliée aux échanges (transports de marchandises) et au commerce (zones commerciales et activités commerciales des entreprises et des particuliers) ; le domaine environnemental car l’environnement influe sur les capacités de mobilité (reliefs, etc.) et elle a un impact négatif sur l’environnement (pollutions atmosphériques et sonores par exemple). Le développement de la mobilité durable implique une nouvelle conception de l’urbanisme et de la voirie, de l’utilisation des espaces publics et donc du partage des territoires, afin de faciliter la cohabitation des différents modes de transports.
La ville durable se veut donc multimodale, permettant l’alternance des moyens de transports, suivant les besoins et les moments. La mobilité urbaine tendra peu à peu à adopter un modèle laissant moins de place à la voiture individuelle, dans un contexte de limitation des carburants fossiles et de la pollution urbaine. La ville moderne combine les offres de mobilité pédestre, cycliste et de transports en commun. Deux tendances concernant les enjeux de mobilité urbaine ressortent de nos jours : les villes moyennes mettant en place des politiques visant plutôt à relier les banlieues à l’hyper-centre et les métropoles favorisant de leur côté les liaisons circulaires concentriques pour éviter la concentration des flux en centre-ville.
Depuis déjà quelques années, les grands projets immobiliers s’orientent de plus en plus vers des projets avec une forte dimension de mobilité. Ainsi, dans la décision d’investissement de nombreux acteurs de l’immobilier, la localisation apparaît de plus en plus comme un critère clé de sélection, en particulier en ce qui concerne le parc tertiaire. De grands bâtiments tertiaires reliés aux réseaux de transports en commun les rendent plus attractifs et réellement intégrés dans un projet d’aménagement urbain. De même, la proximité des plateformes multimodales réduit le bilan carbone de l’entreprise concernée ainsi que l’empreinte carbone du bâtiment en lui-même. La mobilité et les réseaux de mobilité à proximité des bâtiments font également partie des éléments étudiés dans le cadre des certifications environnementales BREEAM, LEED et HQE, prouvant l’importance de la liaison des bâtiments avec leurs réseaux de mobilité.
 

La mobilité durable, pour une ville plus inclusive

La mobilité durable, pensée comme facteur de développement à l’échelle du territoire, devra contribuer à des villes plus inclusives (voir aussi notre article sur la ville inclusive au regard du genre, accessible à ce lien).
A titre d’exemple, l’enjeu des déplacements durables intègre la notion d’accessibilité des personnes en situation de handicap ou âgées, aux transports et donc aux services accessibles par transports en commun. De même, la mobilité est un pilier de l’inclusion sociale, donnant la possibilité aux personnes exclues de rejoindre les cœurs urbains, bassins d’emplois et de services. Une ville plus inclusive passe donc par le développement de la mobilité, facilitant le désenclavement des quartiers isolés. Par ailleurs, la mobilité intègre aux enjeux urbains les enjeux de santé publique, relatifs à la qualité de l’air, à la lutte contre la sédentarisation et à la sécurité routière.
Le changement des villes actuelles en villes plus durables incluant les questions de mobilité est également une chance pour la démocratie participative, car les nouveaux projets urbains peuvent remettre profondément en question les plans de circulation actuels. Un processus continu de concertation favorisant le débat sur l’intégration des transports dans un cadre de vie durable est nécessaire, afin que la population s’approprie ce concept. En outre, de vraies planification et concertation permettent de mieux anticiper les impacts d’un projet et de mettre en place une réelle coordination intersectorielle sur les questions sociales et sociétale de mobilité et de développement durable des projets.
Mais les enjeux de mobilité ne s’arrêtent pas là et se rapportent aussi directement aux questions de révolution numérique. Car la mobilité durable englobe aussi tous les nouveaux usages relatifs aux voitures individuelles, comme le covoiturage ou les véhicules partagés, faisant de la mobilité un vecteur de relations sociales.
 
La question de la mobilité durable est donc une question foisonnante, au cœur des problématiques de développement territorial et urbain, du point de vue social, sociétal et environnemental. La ville durable n’aura d’autre choix que de considérer la mobilité comme un enjeu clé pour dessiner la ville de demain. Alors retrouvez-nous le 26 septembre à 9h, chez AG2R LA MONDIALE pour échanger sur ce sujet foisonnant (informations & inscriptions à ce lien

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