La question a été posée lors de la 12ème conférence Immobilier & Prospectives organisée par l’OID, en partenariat avec le Plan Bâtiment Durable, le 5 mars 2020, chez AG2R La Mondiale. « Face au changement climatique et à la 6ème extinction de masse de la biodiversité, le zéro artificialisation nette n’est plus une option ! », alerte Julien Fosse, adjoint à la directrice du département développement durable et numérique de France Stratégie. Retour sur les moments forts de cette rencontre.
Accueillie par Isabelle CLERC, Directrice de l’immobilier de placement – AG2R LA MONDIALE et animée par Gérard DEGLI-ESPOSTI, Président – OID, « cette conférence s’inscrit dans les développements du programme Territoires Résilients de l’OID » indique Loïs Moulas, Directeur Général – OID
Vincent MIGNEROT, Auteur, chercheur indépendant dans le domaine des Sciences Humaines, et fondateur – Association ADRASTIA, invité d’honneur de l’évènement, rappelle que de tous temps, l’espèce humaine, en se déployant dans un milieu, le transforme et le modifie davantage que toutes les espèces présentes y évoluant, c’est ce qu’il qualifie « d’anthropisation ». En levant des « cliquets malthusiens », par le développement de l’agriculture ou encore l’utilisation massive des hydrocarbures, l’espèce humaine vit des bonds démographiques formidables, qui pour autant démultiplient la pression anthropique sur les milieux.
Aujourd’hui, notre utilisation de l’énergie permet des transformations qui, à l’échelle humaine, se révèlent irréversibles. L’artificialisation des sols par la construction de bâtiments ou d’infrastructures est soumise à ce même principe universel d’irréversibilité. Ainsi, un changement de modèle s’impose et cette décision doit être collective. « Dans un monde idéal où les individus feraient le maximum d’efforts pour limiter leur impact sur l’environnement, cela ne représenterait que 25% de l’amélioration globale … ». Le changement de comportement individuel et collectif constitue une clef d’entrée pour faire face aux défis à venir.
Face à ce constat, Philippe PELLETIER, Président – Plan Bâtiment Durable, Philippe SCHMIT, Secrétaire général – AdCF, Marie VERROT, Chef de projet développement durable et innovation – NEXITY, ont apporté leur éclairage de professionnels de l’immobilier face à l’objectif de « Zéro Artificialisation Nette » afin d’en explorer sa complexité. Ces cinq dernières décennies ont vu le secteur immobilier prendre une ampleur inégalée, notamment du fait de la reconstruction d’après-guerre. Avec 3 millions de logements vacants et l’état d’urgence écologique, le paradigme a changé. L’action de rénovation et de densification devraient être essentielles, autour de la transformation de l’existant. Ceci ne peut se faire sans la création de « poches de vie », en renaturant les villes par endroit. Toutefois, les territoires, par leur diversité sociale et géographique, semblent tiraillés entre le développement économique local et la préservation des espaces naturels. Ainsi, l’enjeu est donc de construire différemment en s’appuyant sur plusieurs leviers : la densification, le renouvellement urbain et la réintégration systématique de la végétalisation dans les projets de construction.
Julien FOSSE, Adjoint à la directrice du département développement durable et numérique – FRANCE STRATEGIE, a interpelé l’auditoire en indiquant que « face au changement climatique et la 6ème extinction de masse de la biodiversité, le Zéro Artificialisation Nette n’est plus une option ! ». Retrouvez les éléments essentiels du rapport de France Stratégie sur le « Zéro Artificialisation Nette » publié en juillet 2019 sur demande des ministres de la transition écologique, des collectivités locales et de la ville. La France artificialise plus que ses voisins et proportionnellement plus que la hausse démographique : l’objectif de zéro artificialisation nette est donc un enjeu majeur, atteignable en travaillant principalement sur 2 axes : la densification des nouvelles construction, pour réduire l’artificialisation « brute », et la renaturation de zones artificialisées, pour ainsi atteindre le zéro artificialisation « nette ».
Corinne LEPAGE, Avocate – CABINET HUGLO-LEPAGE et ancienne Ministre de l’Environnement s’interroge sur la nécessité de « faire émerger de nouveaux imaginaires ». L’accent doit être mis sur le fait de réfléchir ensemble à un idéal commun, notamment via des initiatives comme la Déclaration Universelle des Droits de l’Humanité, pour faire face aux immenses défis qui nous attendent.
Le support de la conférence est désormais disponible sur Taloen, le centre de ressources pour un immobilier responsable, et la retranscription vidéo sera disponible sur la chaîne YouTube de l’OID Penser l’immobilier responsable.