Bâtir une stratégie d’adaptation en 5 étapes

A l’heure où le changement climatique laisse déjà entrevoir ses premières conséquences : vagues de chaleurs caniculaires, sécheresses et limitations des ressources en eau douce, précipitations intenses et inondations par ruissellement dans les zones aux sols artificialisés ou facilement érodables, la mise en place de stratégies d’adaptation devient urgente. L’OID vous propose une stratégie d’adaptation pour les acteurs de l’immobilier en 5 étapes.

Que vous soyez déjà bien avancé dans votre stratégie d’adaptation, aux premières phases ou bien que vous n’ayez pas encore entamé la démarche, voici quelques étapes pour assurer l’intégration de l’ensemble des problématiques, et mener à bien les objectifs fixés.

  1. Phase de cadrage et sensibilisation

En amont, une analyse prospective permet de réfléchir, définir et communiquer aux parties prenantes les raisons pour lesquelles vous souhaitez initier la stratégie. Cette étape de cadrage et de définition des enjeux est primordiale, car elle orientera le reste de la stratégie au vu de la perception et de la représentation du problème parmi les acteurs impliqués. Une première phase de sensibilisation en interne peut permettre d’informer les parties prenantes de l’initiation de la démarche.

À la suite de cela, une phase de réflexion doit aboutir à la définition du périmètre sur lequel la stratégie d’adaptation doit être appliquée. Il peut s’agir d’un périmètre de travail, variant de quelques actifs ou projets pilotes à l’intégralité de votre activité, et/ou d’un périmètre d’action, selon les choix politiques effectués préalablement (exemple : aléas prioritaires aux yeux des décisionnaires, ampleur des finances à engager, etc.). Pour ce faire, vous pouvez aussi consulter vos parties prenantes et notamment les équipes techniques en charge de la gestion des actifs pour d’ores et déjà les impliquer dans la démarche.

  1. Les diagnostics de risques

Vient ensuite l’étape de diagnostic, composée de deux étapes : l’analyse de risque et le diagnostic de maturité. L’analyse de risque est une évaluation globale du parc qui permet l’identification des menaces climatiques en fonction des différents aléas. Elle se base d’abord sur une cartographie des risques climatiques, puis sur une analyse des sensibilités (ou vulnérabilités) des bâtiments. Ces résultats seront croisés pour obtenir une analyse de risques globale.

Une fois qu’une liste des actifs à adapter en priorité a pu être dressée, il faut veiller à effectuer des audits sur les bâtiments pour vérifier la validité des données qui ont alimenté le diagnostic de risque, ainsi que les informations récoltées sur les caractéristiques des bâtiments. Il arrive qu’une solution qui paraît adéquate à première vue ne puisse être mise en place ou ne soit pas adéquate, du fait de contraintes techniques non répertoriées au moment de la collecte des données. Les actions envisagées pourront aussi choisies en fonction des plans d’investissements déjà prévus, afin de réaliser une feuille de route cohérente avec les autres travaux à réaliser.

  1. Élaboration du plan d’adaptation

C’est sur la base de ces diagnostics qu’il convient ensuite de commencer à élaborer un plan d’adaptation qui répondra réellement aux enjeux des actifs observés. Les résultats vont en effet permettre de prioriser les actions adaptatives à réaliser dans le cadre d’une stratégie multirisques, c’est-à-dire en s’appuyant sur des actions qui peuvent remédier à plusieurs aléas en même temps, ou présenter des avantages liés à d’autres co-bénéfices (confort, bien-être, santé, préservation ou restauration de la biodiversité).

  1. Vérifications de la cohérence de la stratégie

Une étape de vérification d’absence de maladaptation est essentielle afin d’éviter les dommages collatéraux, ou les mesures en opposition avec l’atténuation du changement climatique. Pour mieux comprendre le concept de maladaptation et repérer les solutions qui sont concernées, l’OID a publié un article spécifique sur la maladaptation, accessible ici.

Les actions à systématiquement prioriser dans un plan d’adaptation sont les Solutions d’Adaptation Fondées sur la Nature (SAFN). Il s’agit de solutions qui s’appuient sur la nature et ses multiples services et sont prioritaires à tout point de vue pour faire face au changement climatique (recommandation du GIEC et condition présente dans la Taxinomie Européenne).

L’un des forts enjeux de cohérence réside également dans l’adéquation entre la stratégie d’adaptation d’un bâtiment et des stratégies d’adaptation des territoires sur lesquels le bâtiment est implanté, ou des stratégies sectorielles (inexistantes à l’heure actuelle pour le secteur du bâtiment). En France, pour assurer la vérification de cette cohérence, il faut consulter le Plan National d’Adaptation au Changement Climatique en vigueur (PNACC II) et les Plans Régionaux d’Adaptation au Changement Climatique le cas échéant (exemple : PRACC IDF, Cadre régional d’adaptation pour les aires côtières et marines méditerranéennes).

  1. Suivi et ajustements

Le plan d’adaptation et la stratégie de transformation se dessinent, appuyées sur des actions d’adaptation déterminées. Dès lors, pour assurer le succès de la stratégie, comme pour tout projet, il est indispensable d’assurer un suivi régulier, à l’aide d’indicateurs définis, et de former et apporter un soutien aux équipes opérationnelles qui gèrent la mise en place des actions. Un suivi efficace doit aussi passer par l’identification d’une personne, ou d’un service, en interne, qui soit responsable du pilotage de la stratégie. Ses responsabilités incluent les alertes aux collaborateurs s’ils s’éloignent du plan de route fixé, et parfois, les ajustements des objectifs en fonction de l’évolution des ambitions, des connaissances climatiques, ou encore des nouveautés techniques. La mise en place des mesures relatives à l’adaptation continue peut également faire partie de son champ d’action.

Au bout de quelques années, il peut également être recommandé de conduire à nouveau un diagnostic de risque, afin d’étudier l’évolution de la résilience des actifs. En aval de ce nouveau diagnostic, une étude critique de la stratégie peut être menée, au regard de l’innovation de l’adaptation, qui permettra l’évaluation et la réintégration des connaissances générales relatives aux actions adaptatives.

Quelques outils de l’OID pour vous accompagner

L’outil d’analyse de risque Bat-ADAPT, disponible sur la plateforme Resilience for Real Estate, vous permet de réaliser une analyse de risques en quelques clics, avec un calcul de l’exposition du bâtiment à partir de l’adresse de celui-ci et un calcul de la vulnérabilité à partir des réponses à quelques questions. Il permet d’évaluer le risque face aux aléas chaleurs et inondations, et sera bientôt complété par les aléas sécheresses et Retrait-Gonflement des Argiles, dynamiques littorales (submersions marines et érosion côtières), feux de forêts, etc. Une fonctionnalité en cours de développement permettra également d’accéder à des recommandations d’actions adaptatives, avec en priorité des SAFN.

Le Guide des actions adaptatives au changement climatique, disponible sur notre Centre de ressources TALOEN, identifie les principaux dispositifs permettant d’améliorer la résilience du bâtiment et de ses occupants face aux aléas climatiques. Cette publication propose 41 actions adaptatives pour le bâtiment et ses abords immédiats. Sur un format synthétique, elle fournit des indications sur l’impact, la partie de bâtiment à adapter, le coût ou encore sur la complexité de mise en place, ainsi que des conseils pour la mise en œuvre et des informations sur les freins et leviers techniques, financiers, normatifs et réglementaires. Le guide sera mis à jour durant l’année 2023 afin d’avoir notamment des propositions d’indicateurs de suivi pour chaque action.

Les stratégies d’adaptation sont primordiales pour mieux intégrer les questions climatiques dans les stratégies d’acquisition ou de développement d’activité, ou pour éviter de subir des dommages et/ou pertes de valeur des biens en phase d’exploitation des bâtiments. Ces prises de décisions doivent nécessairement s’appuyer sur le couplage des réflexions vis-à-vis de l’atténuation au changement climatique et de l’adaptation à celui-ci, mais aussi prendre en compte des contraintes de préservation ou de restauration de la biodiversité.

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