D’après les modélisations d’experts, les coûts financiers, matériels et humains liés à la multiplication et l’intensification des aléas climatiques ne vont cesser de croître pendant les prochaines décennies. Alors que les pratiques architecturales se sont standardisées au fil des décennies, le développement de modes de construction, de rénovation et d’exploitation plus territorialisés et prenant en compte les caractéristiques locales permettraient de répondre aux besoins d’adaptation des bâtiments. Afin d’encourager les acteurs dans leurs démarches, l’OID cherche à mettre en avant les bonnes pratiques et accompagner les acteurs dans la sélection d’actions visant à adapter le bâtiment à son environnement, et non l’inverse.
La progressive uniformisation des pratiques architecturales
Par le passé, les modes de construction traditionnels prenaient en compte les caractéristiques climatiques et topographiques du site d’implantation, adoptant naturellement une démarche d’adaptation aux risques climatiques. L’uniformisation des pratiques architecturales à travers toute la planète a mené à une standardisation des bâtiments et des attentes des occupants. Béton, verre ou asphalte continuent de remplacer les matériaux durables et locaux, souvent plus adaptés au climat. L’architecture des bâtiments s’uniformise, marquant un abandon des constructions traditionnelles sur pilotis, à ventilation naturelle, semi-enterrées, etc. Force est de constater que nous n’adaptons plus les bâtiments au terrain ; nous adaptons le terrain aux bâtiments. Si la standardisation des bâtiments permet, dans une certaine mesure, de réduire les coûts de fabrication des bâtiments, elle constitue un facteur important de vulnérabilité pour le bâtiment, qui n’est plus adapté aux enjeux climatiques du terrain sur lequel il est implanté.
Des risques climatiques qui s’aggravent
La planète vit un bouleversement climatique sans précédent, et les projections scientifiques sont sans appel : les aléas climatiques vont non seulement s’intensifier mais également se multiplier. L’augmentation continue des évènements climatiques extrêmes, tels que les sécheresses, les vagues de chaleur, les inondations ou encore les risques liés à la montée du niveau des océans, font peser des risques de plus en plus importants sur l’intégrité et l’utilisabilité du bâtiment et le confort de ses occupants. Pour limiter les coûts futurs liés à la non-adaptation des bâtiments, qu’ils soient assuranciels ou bien liés à une reconstruction après un sinistre, il est essentiel que les acteurs du secteur de l’immobilier se saisissent dès aujourd’hui des enjeux de l’adaptation aux aléas climatiques et structurent leurs démarches d’adaptation autour de solutions adaptées et cohérentes.
Mener une démarche d’adaptation territorialisée et spécifique
Adapter le bâtiment au changement climatique requiert de prendre en compte les caractéristiques du territoire et du terrain, mais également celles du bâtiment lui-même. Afin d’identifier ces caractéristiques et de déterminer quelles actions adaptatives sont les plus appropriées, il est essentiel d’effectuer et de tenir compte de plusieurs diagnostics préalables (étude de sol, analyse topographique, analyse hydrométrique, etc.). Parmi eux, le diagnostic de risques doit permettre de déterminer à quels risques climatiques le bâtiment est exposé et à quel degré. Pour accompagner les acteurs de l’immobilier dans cette première étape de diagnostic du risque, l’OID a développé l’outil de diagnostic de risque climatique Bat-ADAPT, qui permet d’identifier et de quantifier les risques climatiques auxquels est exposé un bâtiment.
Afin d’aller au-delà de la phase de diagnostic, l’OID, grâce aux travaux menés lors des différents groupes de travail et ateliers, a identifié les principaux dispositifs permettant d’améliorer la résilience du bâtiment et de ses occupants aux aléas climatiques. Pour inspirer les divers acteurs engagés dans le cycle de vie du bâtiment, nous vous proposons de découvrir un exemple de bâtiment résilient.
Afin de limiter les risques liés aux inondations, une partie du bâtiment a été surélevée et les activités et équipements essentiels du bâtiment ont été concentrés aux étages supérieurs. Au rez-de chaussée, un parking, un local à vélo et un espace d’accueil ont été aménagés en prenant soin d’employer des matériaux résistants à l’eau. L’orientation nord/sud du bâtiment avec une façade végétalisée et des brise-soleils sur la façade exposée permet de minimiser les apports solaires estivaux, tout en maximisant les apports solaires hivernaux. Plusieurs Solutions d’adaptation Fondées sur la Nature (SaFN), comme la végétalisation des abords du bâtiment et du toit, permettent de réguler la température extérieure et intérieure et de favoriser l’infiltration de l’eau dans le sol sur les surfaces de pleine terre. Des leviers comportementaux et organisationnels ont également été activés, tels que la communication, le lien social ou encore la flexibilité dans les usages, pour accroître la résilience.
De manière surprenante, les principales actions adaptatives ne sont pas nécessairement innovantes. Nombre d’entre elles sont inspirées de savoir-faire architecturaux anciens ou relèvent du « bon sens », en respectant des principes de sobriété, de low-tech, etc. Plus qu’un bouleversement des pratiques actuelles, un travail de sensibilisation doit s’opérer afin d’inciter les acteurs de l’immobiliser à revenir vers des modes de construction, rénovation et exploitation des bâtiments plus adaptées aux conditions locales du site d’implantation du terrain.
L’OID publie le Guide des actions adaptatives au changement climatique pour vous accompagner dans votre démarche d’adaptation
Pour accéder à davantage d’informations sur les actions adaptatives envisageables sur le bâtiment, consultez le Guide des actions adaptatives au changement climatique de l’OID, publié en mars 2021. Cette publication s’adresse aux acteurs de l’immobilier, du bâtiment et aux acteurs du territoire pour proposer 41 actions adaptatives pour le bâtiment, et ses abords immédiats. Sur un format synthétique, elle fournit des indications d’impact, de partie de bâtiment, de coût, de complexité, ainsi que des conseils pour la mise en œuvre et des informations sur les freins et leviers techniques, financiers, normatifs et réglementaires. De nombreux schémas et retours d’expérience d’acteurs permettent de mieux visualiser apporter des indications supplémentaires essentielles aux acteurs.