L’adaptation au changement climatique est un enjeu majeur de ce siècle, si bien que les concepts qui y sont associés nécessitent une compréhension à l’échelle globale. L’OID propose des définitions et modèles simples et accessibles de la vulnérabilité, de l’exposition au risque, de la sensibilité et de la résilience.
Un changement climatique inégalé
Grâce à la paléoclimatologie, ou la science qui étudie les climats passés et leurs variations, il a été possible de découvrir qu’il y a 20 000 ans, à la période de glaciation, la température moyenne de la Terre était de 4°C inférieure à celle de maintenant. Le nord de l’Europe était alors couvert de glace. Les prévisions du Groupe d’experts International sur l’Evolution du Climat (GIEC) indiquent que, si nous continuons sur la trajectoire d’émissions de gaz à effet de serre actuelle, la température globale de la Terre augmentera de 4°C ou plus d’ici 2100.
Les différences de température entre la période de glaciation et la période préindustrielle d’une part, et entre la période préindustrielle et la fin du siècle d’autre part, sont aussi importantes, alors même que l’échelle de temps pour subir ces changements est très différente : 10 000 ans vs. 150 ans. L’ampleur des changements de climats que les bâtiments construits à l’heure actuelle subiront dans le siècle à venir est donc d’une ampleur jamais égalée. Les prévisions de durées de vie de bâtiments étant à minima de 50 ans au moment de la construction, la question de l’adaptation des bâtiments au changement climatique est primordiale et urgente : elle questionne la capacité du bâtiment à supporter les événements extrêmes à venir, mais également à faire face à une nouvelle norme des climats, au quotidien.
Les vagues de chaleur seront de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses, entraînant inévitablement des canicules aux conséquences sanitaires désastreuses si les bâtiments accueillant des personnes vulnérables ne sont pas adaptés. Au-delà des catastrophes sanitaires, des températures élevées et un confort thermique dégradé diminuent la productivité des occupants des bureaux ou empêchent la tenue de certains événements ou activités.
Les sécheresses impactent les bâtiments qui ont des fragilités de structure, ou des fondations peu profondes car elles sont à l’origine de mouvements des sols en zones argileuses. Des rétractations et dilatations des sols en alternance sont à l’origine de fissures, et donnent parfois lieu à des dislocations de pans de bâtiment.
Les précipitations intenses et inondations qui s’en suivent sont amenées à se multiplier, et ce d’autant plus que la tendance est à l’artificialisation des sols ou la perte du vivant. Or, un sol aéré car empli d’organismes, et une absence de surfaces imperméabilisées permettraient d’améliorer l’absorption d’eau dans les sols.
La montée des eaux prévue pour ce siècle met en danger toutes les constructions réalisées en zones basses et proches du littoral, ou les constructions possédant des sous-sols, qui risqueront d’être inondés au cours du siècle. Les pertes financières liées à l’absence d’anticipation de ce phénomène pourraient être évitées grâce à des analyses de risques ou des mesures d’adaptation peu coûteuses si réalisées à l’avance. Plus d’informations ici.
Vulnérabilité des bâtiments
Au vu des enjeux listés, la question de la vulnérabilité des bâtiments est un enjeu essentiel des années à venir. Cette vulnérabilité est établie à partir de sa propension à subir des dommages en cas de variations climatiques. Elle dépend de l’exposition aux différents aléas climatiques qui vont l’affecter, et de la sensibilité du bâtiment face à cet aléa.
Pour un aléa climatique défini, l’exposition climatique se mesure par le risque climatique et par des facteurs environnementaux qui vont aggraver ou atténuer le risque. La sensibilité du bâtiment est, elle, définie par les composantes techniques et d’usage de ce bâtiment qui incluent les choix de construction, les mesures d’adaptation, les processus de gestion de crise et les paramètres économiques et sociaux qui impactent les processus de gestion post-crise.
Pour obtenir la vulnérabilité climatique totale d’un bâtiment, chaque aléa climatique doit être pris en compte, ainsi que les interactions entre les différents aléas.
Pour illustrer cette question, prenons l’exemple de l’aléa vague de chaleur :
- Risque climatique de la vague de chaleur : durant les étés futurs, les observations de températures au-dessus de la normale saisonnière seront hautement probables, ce qui impliquera des canicules de longues durées, et dont l’intensité dépassera celles auxquelles nous sommes habitués.
- Facteurs environnementaux: ces fortes températures sont aggravées par les environnements urbains (propriétés thermo-physiques des matériaux utilisés pour les bâtiments et la voirie, sols minéralisés, absence de végétation, morphologie urbaine et topographie bloquant les masses d’air, dégagement de chaleur issu des activités humaines). En revanche, la végétalisation du proche environnement, tels que la présence de parc, ou l’aménagement de points d’eau, constituent des facteurs atténuant l’exposition au risque.
- Les choix techniques de construction et les mesures d’amélioration de la résilience conditionnent la capacité du bâtiment à assurer un confort thermique en cas de fortes chaleurs.
- L’usage quotidien, les dispositifs de repli ou les contraintes sociales et économiques permettront d’anticiper la gestion de crise et de diminuer (ou augmenter le cas échéant) les impacts des vagues de chaleur.
De l’adaptation à la résilience
Certains des événements intenses ou chroniques ayant déjà lieu, la prise de conscience de l’importance de la question climatique, et des processus de gestion de ce nouveau risque dans le secteur sont en cours de création. Afin de mettre en place ces derniers, un vocable spécifique se développe.
Si la vulnérabilité climatique est la propension à subir des dommages en cas de variations climatiques, elle dépend du risque climatique, et donc directement de notre capacité à atténuer le changement climatique. Cette même vulnérabilité dépend également de la sensibilité, soit des capacités d’adaptation et de tous les mécanismes d’anticipation et de prévention visant à amortir les effets de la crise.
Au moment de la crise climatique, qu’elle soit due à un aléa chronique ou à un événement météorologique extrême, des processus de gestion de crise seront mis en place. C’est seulement à l’issue de ceux-ci, en sortie de crise, après avoir fait le bilan de la reconstruction et des apprentissages qui en seront tirés, que la résilience du système pourra être évaluée.
De plus en plus conscients des impacts du changement climatique sur les bâtiments, les acteurs de l’immobilier sont nombreux à s’informer sur les caractéristiques des risques climatiques et les modèles de calculs de la vulnérabilité afin de mettre en place les techniques d’adaptation en anticipation des crises climatiques futures. L’OID utilise tous les concepts et modèles développés pour la compréhension de l’adaptation dans son outil de diagnostic de vulnérabilité climatique, Bat-ADAPT.
Article rédigé par Sakina Pen Point.