Retour sur la conférence de présentation du Baromètre 2021 de l’Immobilier Responsable : l’intégration des critères ESG s’accélère !

Le 7 décembre 2021, l’OID et l’IEIF ont organisé une conférence de présentation des résultats du Baromètre 2021 de l’Immobilier Responsable, en partenariat avec l’ASPIM, la Fédération Française de l’Assurance (FFA) et la FSIF. A la suite de cette présentation, une table ronde avec des acteurs de l’immobilier a permis d’en apprendre davantage sur les démarches opérationnelles en matière de finance responsable.

Lors de cette conférence, l’OID a présenté les résultats de son travail d’analyse des tendances de l’année 2021 en matière de pratiques ESG (Environnement, Social, Gouvernance), dans un contexte particulièrement riche en évolutions avec l’entrée en vigueur du règlement Sustainable Finance Disclosure (SFDR) ainsi que de la taxinomie européenne… Bilan d’un événement incontournable de l’immobilier responsable !

Une accélération de la prise en compte des enjeux ESG

La présentation des résultats du BIR 2021 a été effectuée par Loïs Moulas, directeur général de l’OID, et Delphine Mourot, responsable de programme Finance Responsable & Biodiversité.

Ce sont plus de 250 participants qui ont suivi la conférence en ligne ! Et pour cause ! Comme l’a dit Loïs Moulas :

« Il n’est plus possible de travailler dans le monde de la finance immobilière sans s’intéresser aux questions ESG. Si certains segments pouvaient encore l’ignorer, ce n’est plus le cas aujourd’hui du fait notamment de la compliance réglementaire. […] L’ESG devient incontournable. C’est ce que dit un des indicateurs de notre Baromètre : sur l’ensemble de l’univers que nous observons, 98% des acteurs ont une démarche ESG, c’est-à-dire suivent a minima un indicateur. »

Christian de Kerangal, directeur général de l’IEIF et animateur de la conférence, a introduit la conférence en soulevant quelques points clés du Baromètre 2021 de l’Immobilier Responsable :

« Nous avons constaté une accélération de la prise en compte des enjeux ESG : les acteurs ont pris à bras le corps l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments et le recours aux énergies renouvelables, la diminution de l’empreinte carbone, l’adaptation au risque physique et de transition, le maintien de la biodiversité, mais aussi la manière d’améliorer l’impact social de l’immobilier et les questions de gouvernance. »

Le Baromètre de l’Immobilier Responsable est une étude annuelle de l’OID qui a pour objectif d’évaluer le niveau de maturité du secteur en matière de reporting ESG et par rapport aux 19 enjeux ESG étudiés par le Baromètre. Il permet de hiérarchiser les enjeux ESG selon leur niveau de matérialité pour chaque catégorie d’acteurs, et de contextualiser la diversité de pratiques entre les typologies d’acteurs, compte tenu notamment des stratégies et des obligations règlementaires différentes. En 2021, ce sont 65 répondants qui ont répondu au questionnaire du BIR !

BIR 2021

Une nouveauté en 2021 : l’importance accordée à l’enjeu carbone !

En 2021, l’OID a choisi d’ajouter une nouvelle dimension au Baromètre de l’Immobilier Responsable en interrogeant des professionnels de la promotion immobilière en plus des acteurs de l’immobilier de gestion. Ces deux groupes ont classé l’importance qu’ils accordaient aux 19 enjeux ESG élaborés par l’OID, et Delphine Mourot a présenté les résultats en deux temps lors de la conférence du 7 décembre.

Immobilier de gestion

Une grande nouveauté du BIR 2021 est l’importance accordée à l’enjeu carbone par les répondants du questionnaire. Si le pilier gouvernance obtient une note moyenne supérieure à celle des piliers environnement et social, l’enjeu carbone dépasse pour la première fois l’enjeu énergie en 2021 ! C’est l’enjeu auquel les répondants accordent le plus d’importance, et ce chez les investisseurs comme les promoteurs.

Au niveau du pilier environnement, on constate une nette montée de l’enjeu énergie par rapport aux objectifs : 93% des répondants de l’immobilier de gestion se sont fixés un objectif lié à l’énergie.

« Cela représente une augmentation de 19 points par rapport à l’année dernière. Cela s’explique notamment par l’entrée en vigueur du Dispositif Eco-Energie Tertiaire, » a affirmé Delphine Mourot.

Sur le pilier social, une nouvelle priorité a été donnée à un enjeu jusqu’alors moins pris en compte : l’impact social positif, c’est-à-dire l’impact de l’activité d’un gestionnaire sur le tissu social de l’ancrage territorial de son bâtiment.

« Le suivi de cette thématique à l’aide d’un indicateur s’est renforcé depuis l’an dernier. De plus en plus d’acteurs suivent la part d’actifs qui accueillent des associations ou entreprises de l’économie sociale et solidaire, par exemple » a expliqué Delphine.

Au niveau du pilier G, on voit le besoin des répondants de structurer leur démarche d’investissement de gestion et de contrôle des risques.

« Cela fait écho aux évolutions réglementaires de la taxinomie européenne, de la loi Energie et Climat et du règlement SFDR, notamment sur les risques ESG. Ce renforcement réglementaire nécessite un travail de concertation étroit avec les parties prenantes : 87% des répondants ont un indicateur pour évaluer leurs relations avec leurs parties prenantes et leur implication dans la démarche ESG, » a poursuivi Delphine.

Promotion immobilière

Du côté des répondants issus de la promotion immobilière, les notes accordées aux 19 enjeux ESG sont beaucoup plus diffuses.

Si on retrouve la même hiérarchie des piliers (G-E-S) que chez les investisseurs, des thématiques nouvelles font surface dans cette catégorie de répondants.

« Par exemple, nous retrouvons la biodiversité en 3ème position du classement, ce qui illustre la lucidité de la filière de promotion immobilière sur la nécessaire prise en compte cet enjeu. De plus, au niveau des enjeux sociaux, il est intéressant de voir que l’impact social est le premier enjeu social qui arrive dans le classement de la promotion immobilière, alors qu’il arrive plutôt en fin de classement chez les répondants de l’immobilier de gestion. Cela correspond aussi à la nature de l’activité ! » avance Delphine Mourot.

Table ronde : l’impact des nouvelles réglementations sur les stratégies extra-financières

Comment fait-on pour répondre aux enjeux ESG lorsqu’on est un acteur de l’immobilier ? Comment prioriser ses actions, et conduire le changement en interne comme en externe ? Quelle déclinaison opérationnelle en découle ? Ce sont autant de questions qui ont été posées aux intervenants de la table ronde.

Selon Marjolaine Grisard, directrice RSE de Nexity, « pour une plate-forme de services à l’immobilier comme Nexity, la priorité reste aujourd’hui le carbone dans la promotion, mais les autres thématiques environnementales et notamment la biodiversité deviennent également de plus en plus importantes. […]

« Nous avons effectué un travail de simplification en matière de RSE, où le reporting peut devenir foisonnant, ce qui nous a amené aujourd’hui à une vingtaine de KPI stratégiques RSE. » En interne, la fresque du climat va être déployée à tous les collaborateurs, et un programme interne a été défini pour intégrer les enjeux de nature et de biodiversité à 100% de la production.

Pour Nehla Krir, Head of Sustainability & CSR chez BNP Paribas REIM, la « première étape a été de prioriser sur quels fonds travailler et sur quelles typologies d’actifs ». Selon elle, pour une société de gestion, « le label ISR est très structurant en France pour se fixer des objectifs ambitieux » et il est nécessaire de hiérarchiser les enjeux pour se concentrer sur un premier domaine d’impact.

Au sein de la société, les équipes d’investissement réalisent désormais des due diligence très poussées sur le climat. Pour les investissements récents, les bureaux d’études techniques doivent dorénavant intégrer de nouvelles pratiques en lien avec l’ESG lors des audits, notamment les possibilités d’aligner la performance des actifs investis sur les objectifs du fonds.

Béatrice Lièvre-Théry, directrice des Activités Immobilières à la Société Générale, a affirmé que c’est la création d’un outil interne qui a permis la prise en compte globale des critères ESG : « Nous avons créé un outil e-cotation qui regroupe toutes les dimensions RSE qui nous permet de regarder les programmes immobiliers que l’on structure au regard de cette quotition basée sur 80 questions. Cela nous permet de mettre en place une démarche à 360 degrés. »

Steve Ho-Koo-Kine, responsable Trajectoire Immobilier Durable au Crédit Mutuel Arkéa, rappelle que l’immobilier est une chaine d’acteurs qui sont tous concernés par les enjeux ESG. Pour cette raison, « nous mettons en œuvre une démarche transversale à toutes nos activités immobilières (financements, placements, bailleur social, exploitation, etc.) pour favoriser les partages de bonnes pratiques ESG entre nos entités et poursuivre le développement de ces enjeux. »

Dans ses activités de financement d’entreprises et d’institutionnels, Crédit Mutuel Arkéa propose depuis début 2020 un prêt dont les conditions financières sont indexées sur la prise en compte de l’ESG : « Le principe est simple : le prêt « PACT » est un dispositif de financement corporate par le biais duquel l’emprunteur peut bénéficier d’une réduction de ses frais financiers en fonction de la progression de sa note RSE, évaluée périodiquement par un organisme tiers indépendant. »

Le constat est frappant : l’intégration des enjeux ESG par les acteurs de l’immobilier de gestion et la promotion immobilière s’accélère ! Il y a un renforcement des démarches sur tous les critères ESG étudiés par le Baromètre 2021 de l’Immobilier Responsable, avec seulement des évolutions positives. Que ce soit au niveau de la performance énergétique des bâtiments, la biodiversité, l’empreinte carbone ou l’adaptation au risque physique et de transition, le niveau de maturité du secteur de l’immobilier ne cesse de se développer.

Merci encore aux intervenant.e.s pour leur participation à la conférence !

Retrouvez le support de présentation de la conférence, et la vidéo de rediffusion en ligne.

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