L’OID publie ses Top15 et Top30 taxinomiques et exhorte à poursuivre les efforts de réduction des consommations énergétiques

Le 17 janvier 2023, l’Observatoire de l’Immobilier Durable présentait l’édition 2022 du Baromètre de la Performance Energétique et Environnementale des bâtiments. Un travail de référence, tout particulièrement pour les benchmarks Top15 et Top30 relatifs à l’enjeu d’atténuation de la taxinomie européenne, qui s’appuie sur une base de données historique de 25 300 bâtiments.

Comme chaque année le Baromètre de la Performance Energétique et Environnementale revient sur les évolutions du secteur du bâtiment en termes de consommations énergétiques, d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’autres indicateurs, selon différentes typologies d’actifs. L’objectif : suivre et accompagner la transition écologique de l’immobilier en offrant une vue sectorielle appuyée sur des données réelles. A l’heure où les enjeux liés à la consommation d’énergie se multiplient, où en est la mue de l’immobilier et quels sont les chemins que doit tracer l’immobilier de demain ?

 

Bureaux et logements réduisent leurs consommations énergétiques

Les indicateurs intègrent cette année deux nouvelles typologies d’actifs : les hôtels et les actifs de santé.

D’après les résultats du Baromètre 2022, un mètre carré de bureaux consomme en moyenne 146 kWh.an[1]. Ce niveau est en baisse significative depuis l’an dernier, et reflète l’accélération des diminutions de consommation d’énergie observée depuis 2018.

Une partie de cette réduction peut être attribuée à l’appropriation par bailleurs et preneurs de plusieurs réglementations attendues de longue date, et dont l’aboutissement se rapprochait, telles que le dispositif éco-énergie tertiaire dont le premier report de donnée s’est clos le 31 décembre 2022.

Pour autant, les analyses de trajectoire sur la décennie sont contrastées : un léger effet rebond est en effet observé sur les bureaux pour la seule année 2021. Une situation qui s’explique en grande partie par une situation climatique plus rigoureuse cette année-ci, une première depuis 2013. Ainsi, si les acteurs fournissent des efforts pour piloter et réduire progressivement leurs consommations énergétiques, ceux-ci peuvent encore être compensés par une année plus rigoureuse. « Pour remplir l’objectif de décarbonation fixé pour 2030, il faut doubler le taux de réduction des émissions de GES annuelles » insiste Sabine Brunel, directrice adjointe de l’OID.

 

Top15 et Top30 : un repère indispensable pour les acteurs

En 2022, les premiers acteurs concernés ont dû déclarer leur éligibilité à la taxinomie européenne, et nombre d’entre eux vont devoir annoncer leurs proportions d’alignement en 2023. C’est à cet égard que l’OID publie cette année une mise à jour et complétion de ses benchmarks Top15 et Top30, pour les typologies ci-dessous :

Les principes fondateurs de ce travail ont été précisés : d’abord, établir une méthodologie partagée sur l’élaboration des benchmarks, ensuite, proposer un mode d’emploi de ces Top15 et Top30 afin d’harmoniser et de rendre cohérente leur utilisation par les acteurs. Enfin, mettre à jour chaque année lors de la publication de ce Baromètre ces niveaux, afin de refléter la réalité de marché.

 

La Taxinomie Européenne : un outil de décarbonation ?

Maxime Lanquetuit, directeur Innovation d’Altaréa, Odile Batsère, directrice Innovation et RSE de la Société de la Tour Eiffel, et Bertrand Eyraud, directeur RSE et Innovation de Kaufman & Broad, ont pu échanger sur cette question lors d’une table ronde animée par Sabine Brunel.

Les intervenants l’ont rappelé tour à tour, la force de la taxinomie européenne réside tout d’abord dans sa vision globale. Par ailleurs, le référentiel rejoint pour beaucoup de ces critères d’application des mesures ou principes posés par d’autres réglementations françaises (par exemple le décret BACS ou la loi AGEC sur l’économie circulaire).

En premier lieu cette exhaustivité de la taxinomie devrait amener le secteur de l’immobilier à repenser la définition d’un actif durable, dans un contexte particulièrement exigeant. Le télétravail constitue désormais une alternative commune aux bâtiments de bureaux, qui doivent donc se fendre d’une plus grande attractivité tout en étant toujours plus vertueux. Or Maxime Lanquetuit l’a rappelé : « l’intensité d’usage d’un bâtiment de bureaux est de 40%, 20% pour une école, c’est extrêmement pauvre aux vues des consommations foncières énergétiques en jeu ». Concevoir des bâtiments polyvalents dans leurs usages et permettant une plus grande intensité d’utilisation pourrait se révéler une option vertueuse sur le plan environnemental, tout en permettant de répondre aux besoins sociétaux et sociaux de la vie en ville.

Les enjeux d’adaptation, moins intégrés par les acteurs de l’immobilier que ceux d’atténuation, vont bénéficier de cette approche systémique puisqu’une analyse de risque pertinente sur le patrimoine est requise. Analyse essentielle, puisque que comme l’a indiqué Odile Batsère, le coût des catastrophes naturelles ne cesse d’augmenter : en 2020 les 10 catastrophes naturelles les plus couteuses causaient 150 milliards de dollars de dégâts, contre 170 milliards en 2021 ! Sur ce sujet il est essentiel de ne pas perdre de temps : « anticiper ces sujets va permettre d’embarquer les collaborateurs, par la formation, la sensibilisation et l’évolution en amont des méthodes et process de travail, afin que les équipes puissent accompagner les changements de la taxinomie, et non les subir » intime Odile Batsère.

Pour la promotion, la RE2020 constitue indubitablement une marche ambitieuse en matière de décarbonation, et le Ministère de la Transition écologique a annoncé en octobre 2022 que les bâtiment soumis à la RE2020 pourraient faire valoir une contribution substantielle remplissant le critère NZEB – 10% sur l’enjeu d’atténuation. Ainsi, conclut Bertrand Eyraud, « après une phase de transition, pour atteindre les objectifs taxinomiques établis récemment, la RE2020 aura permis une mise à niveau conséquente en termes de décarbonation du neuf ».  

 

Un lieu atypique et ambitieux, le Nida

Pour présenter l’ensemble de ces réflexion, l’OID a intentionnellement choisi d’accueillir les participants au Nida, lieu innovant développé par Altarea à à Issy-les-Moulineaux, avec le soutien d’Altarea.  Et pour cause, ce lieu innovant illustre quelques-unes des réflexions sur ce que pourrait être un bâtiment durable et vertueux à l’avenir. En effet, ce bâtiment a été conçu sous le prisme de l’intensité d’usage.  Le NIDA a été conçu pour être utilisé de 8h à 23h, toute la semaine, mais aussi permettre d’accueillir des activités le week-end, et des évènements ponctuels ou éphémères. Cette réflexion permet d’économiser du foncier et des dépenses énergétiques en maximisant l’usage d’un bâtiment, lorsqu’elle est placée au cœur du projet dès la conception.

 

Les premières marches posées par la taxinomie européenne sont conséquentes, mais nécessaires au vu de l’enjeux. La marche de l’atténuation a été anticipée, du moins en partie par la RE2020, d’autres organisation se préparent à monter en connaissance sur les sujets d’adaptation, notamment en s’appuyant sur les travaux de l’OID. Mais qu’en est-il des autres sujets ? Biodiversité, utilisation durable de l’eau, pollution et économie circulaire, sont des enjeux intimement liés aux secteurs de l’immobilier. Pour ne pas avoir à subir une transition forte sur ces sujets il faut les intégrer aux process de l’ensemble du secteur. Trop souvent encore l’apanage des départements ESG, les sujets environnementaux doivent être décloisonnés afin d’anticiper à tous les étages une mise à niveau qu’il sera impossible d’éviter ou de repousser éternellement.

 

 

[1] Niveau calculé en moyenne triennale sur les années 2021, 2020 et 2019

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