Fin de cycle d’un bâtiment : quelles stratégies pour quelle empreinte environnementale ?

Les bâtiments sont des éléments essentiels de notre environnement construit, mais leur durée de vie est limitée et conventionnellement fixée à 50 ans. Arrivés à la fin d’un cycle, ils doivent être démolis, déconstruits ou réhabilités. Bien choisir les pratiques mises en place est un impératif pour limiter l’empreinte carbone de cette étape du cycle de vie du bâtiment. Doivent être pris en compte toutes les actions entreprises : depuis le transport des déchets jusqu’à leur élimination.

La démolition, pratique courante mais peu vertueuse

La démolition est la méthode la plus courante pour la fin de vie des bâtiments. Elle est souvent considérée comme une solution simple et peu coûteuse. Elle implique la démolition complète du bâtiment et la mise en décharge des déchets. Cependant, cette méthode a un impact significatif sur l’environnement. Les débris de construction et de démolition représentent environ 40% de tous les déchets produits dans le monde. En outre, la démolition consomme une quantité importante d’énergie et produit des émissions de gaz à effet de serre. Selon l’outil Démolition-Reconstruction, la démolition d’un bâtiment de 1000 m2 émet environ 312 tonnes de CO2eq.

La démolition n’a pas le même impact selon les matériaux contenus dans le bâtiment. Une étude de l’Institut de recherche en construction du Conseil national de recherches du Canada a révélé que la démolition d’un bâtiment en béton émet plus de CO2 que la démolition d’un bâtiment en bois. Selon l’étude, la démolition d’un bâtiment en béton de 2 500 m² émet environ 1 000 tonnes de CO2, tandis que la démolition d’un bâtiment en bois de la même taille n’émet que 400 tonnes de CO2, soit plus de deux fois moins !

En outre, la démolition génère une quantité importante de déchets, dont la plupart finissent dans des décharges. En France, environ 40 millions de tonnes de déchets de construction et de démolition sont produites chaque année, soit environ 75 % des déchets produits par le secteur du BTP.

La déconstruction, une alternative plus durable qui favorise le réemploi

La déconstruction est une alternative à la démolition plus vertueuse. Elle implique la récupération et le réemploi des matériaux de construction et la réduction des déchets envoyés en décharge. La déconstruction permet également de réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre associées à la production de nouveaux matériaux. Cependant, la déconstruction est plus coûteuse que la démolition et nécessite des compétences et des équipements spécialisés. En outre, la disponibilité de déconstructeurs qualifiés peut varier selon les régions.

La déconstruction permet de récupérer environ 70 % des matériaux de construction, ce qui réduit la quantité de déchets envoyés en décharge.

Pour réaliser la déconstruction sélective d’un bâtiment, il est nécessaire de mettre en place un tri méthodique des éléments : verre, bois, métal, laine de verre, plâtre, déchets inertes, déchets électriques et électroniques, équipements et ameublements. Pour ce faire, il est nécessaire de disposer d’une place suffisante sur le chantier et de réserver un temps important au curage c’est-à-dire au nettoyage des éléments non constructifs du bâtiment.

La réhabilitation, à privilégier si la structure du bâtiment le permet

La réhabilitation est une autre option pour la fin de vie des bâtiments. Elle implique la rénovation ou la réutilisation du bâtiment existant pour prolonger sa durée de vie. La réhabilitation peut réduire la quantité de matériaux nécessaires pour construire de nouveaux bâtiments, ainsi que la quantité de déchets envoyés en décharge. La réhabilitation peut également réduire la consommation d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre associées à la construction de nouveaux bâtiments. Cependant, la réhabilitation peut être limitée par la qualité et l’état du bâtiment existant, ainsi que par les coûts associés à la rénovation. De plus, dans certains cas il peut être nécessaire de changer l’usage du bâtiment. Cette flexibilité doit être anticipée dès la phase de conception du projet.

Ainsi, la réhabilitation du bâtiment lorsqu’il est structurellement viable est à privilégier dans une démarche de limitation des émissions de gaz à effet de serre.

La démolition des bâtiments représente une part importante de l’impact environnemental des bâtiments. De plus celle-ci est le plus souvent suivi d’une construction neuve, or la construction d’un bâtiment neuf représente 60% de son empreinte carbone sur la totalité de son cycle de vie. Une étude de la commission européenne intitulée « Rénovation énergétique des bâtiments : Les enjeux » publiée en 2011, indique que la rénovation de bâtiments existants peut réduire de 5 à 6 fois plus les émissions de gaz à effet de serre que la construction de nouveaux bâtiments. Une démarche de réhabilitation est ainsi systématiquement à privilégier lorsque la structure du bâtiment est encore viable. Dans tous les cas, il est primordial de réutiliser au maximum l’existant dans une démarche de réduction des déchets, d’économie des ressources et même de réduction des coûts de la construction.

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