Contribuer à la renaturation des villes avec BIODI-Bat

BIODI-Bat, l’outil d’analyse de risque biodiversité développé par l’OID est désormais disponible dans sa nouvelle version.  Il met à disposition des acteurs de l’immobilier un outil de priorisation pour leur permettre de contribuer à la renaturation des villes. Accessible gratuitement sur la plateforme Resilience for Real Estate, il a vocation à généraliser la prise en compte de la biodiversité dans les projets urbains. Après un webinaire le 26 mai dernier qui a rassemblé près de 200 participants, nous revenons aujourd’hui sur les enjeux et raisons de ce projet.

Moins 25 % du nombre d’oiseaux en 40 ans sur le continent européen : c’est le constat d’une étude publiée par le CNRS en mai dernier. Cette baisse est observée principalement au sein des populations d’oiseaux des milieux agricoles, mais elle touche également les populations présentes dans les espaces urbains, qui affichent une baisse de 28% (allant jusqu’à -60% pour certaines espèces comme le moineau friquet en France selon les résultats du STOC).

En cause dans ces milieux urbains : les pressions résultant des activités humaines, modes de construction, etc. Tout cela alors que l’ensemble de la communauté scientifique ne cesse de rappeler le potentiel que représentent les infrastructures vertes et bleues pour répondre aux défis actuels en matière de rafraîchissement des villes, régulation des phénomènes d’inondation, alimentation de proximité, régulation des populations de parasites …

 

Les acteurs de la ville sont-ils à la hauteur de ces enjeux ?

Dans ce contexte, le concept de Nature en ville ne cesse de prendre de l’importance parmi les acteurs de l’industrie de la ville : bâtiments végétalisés, trames vertes et bleues, artificialisation des sols, jardins de pluie, végétalisation des rues, … Toutefois, sans une prise en compte des problématiques liées aux bâtiments existants, ces ambitions restent limitées. En effet, le taux de renouvellement du parc de bâtiments en ville est estimé à seulement 1 % par an, soit un laps de 100 ans pour renouveler la totalité des bâtiments d’une ville…

Investisseurs, foncières, bailleurs sociaux, et autres acteurs ont donc un rôle clé à jouer pour accompagner les collectivités territoriales dans la renaturation des villes. Aujourd’hui, l’enjeu semble relativement bien identifié par les acteurs de la promotion immobilière : en 2022, les répondants du Baromètre de l’immobilier responsable de l’OID plaçaient l’enjeu biodiversité en 3e enjeu environnemental et 7e sur le classement des 19 enjeux ESG du référentiel de l’Observatoire de l’immobilier durable. Côté acteurs de l’immobilier d’investissement, la biodiversité occupait la 15e place du classement global. A noter toutefois qu’une tendance est lancée, poussée par la réglementation de l’art. 29 de la loi Energie Climat : 2% des investisseurs institutionnels réalisaient une analyse de risque biodiversité sur leurs investissements en 2021 et 48% étaient en train de développer leurs méthodologies. On peut donc s’attendre à ce que les acteurs de l’espace urbain renforcent leur attention à ces enjeux dans les années à venir.

 

Le contexte réglementaire de plus en plus contraignant pour intégrer ces enjeux

Les différentes réglementations et initiatives internationales incitent de plus en plus à cette mobilisation générale des acteurs de la ville pour réintégrer la Nature dans les espaces urbains. Le projet de Loi pour la restauration de la nature, discuté ce mois de juin 2023 au Parlement européen, ambitionne par exemple d’imposer aux écosystèmes urbains d’augmenter les surfaces végétalisées de 3% d’ici 2040 et 5% d’ici 2050 par rapport à 2021. La loi prévoir également une augmentation nette de surfaces végétalisées sur les bâtiments en ville, à la fois neufs et en rénovation. Au-delà d’un objectif de préservation de la biodiversité, c’est la vivabilité des villes pour leurs occupants qui est en jeu ici. Elles sont d’ailleurs nombreuses à l’avoir bien compris, en témoigne l’Engagement de Montréal signé par une soixantaine de villes du monde entier en parallèle de la COP15 sur la diversité biologique en décembre 2022. Les villes signataires s’y engagent à mettre en place des mesures  pour la protection de la biodiversité à l’échelle de leur territoire.

En France, la réglementation évolue. Les propriétaires seront dès le 1er juillet 2023 obligés de végétaliser (ou de couvrir de panneaux photovoltaïques) les toitures des bâtiments neufs mais également des bâtiments en rénovation lourde en application d’un article de la Loi Climat et Résilience. La vague de rénovations énergétiques déjà engagée en France doit impérativement être menée conjointement avec ces opérations de végétalisation de la ville.

 

BIODI-Bat pour accompagner la renaturation des villes

Afin de contribuer à la généralisation de ces pratiques, l’Observatoire de l’immobilier durable travaille depuis 2021 au développement d’un outil d’aide à la décision permettant de prioriser les bâtiments d’un patrimoine au regard des enjeux écologiques. Développé au sein du programme de recherche appliquée Biodiversity Impulsion Group, cet outil est aujourd’hui accessible gratuitement sur la plateforme d’analyse de résilience de l’OID Resilience for Real Estate. Intuitif et vulgarisé, l’outil s’adresse à un public large, expert en écologie ou non, comme les entreprises de l’immobilier, les investisseurs, les collectivités, les bureaux d’études, les étudiants.

Extrait de BIODI-Bat sur R4RE, OID 2023

Via une approche cartographique évaluant l’état de la biodiversité sur un territoire, BIODI-Bat permet de prioriser les sites et bâtiments plus enclins à recevoir des investissements en faveur de la biodiversité. En renseignant également quelques informations supplémentaires sur les caractéristiques du bâtiment, il est possible d’évaluer le potentiel d’accueil de biodiversité d’un bâtiment existant et d’identifier les leviers à activer pour l’améliorer. De nombreuses autres fonctionnalités seront progressivement intégrées sur l’outil, notamment pour évaluer les impacts des projets immobiliers sur la biodiversité mais aussi la mesure des co-bénéfices liés à la présence de biodiversité en matière de climat, gestion des eaux pluviales, bien-être et santé, etc.

 

Pour continuer à habiter les milieux urbains, réintégrer le vivant en ville est aujourd’hui indispensable. Pour cela, une action conjointe de l’ensemble des acteurs impliqués dans le développement des territoires est indispensable, ce qui implique des stratégies de planification territoriales écologiques consolidées et ambitieuses, mais aussi un engagement fort pour les acteurs impliqués dans le renouvellement des villes. Avec BIODI-Bat, chacun peut désormais identifier les enjeux à l’échelle d’un patrimoine immobilier et passer à l’action dans une démarche de massification.

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