Construire une ville durable pour toutes et tous : quels enjeux ?

Le 4 mai 2021 de 9h à 12h, l’OID et le Plan Bâtiment Durable organisent une e-conférence : Construire une ville durable pour toutes et tous, quels enjeux ? L’objectif de cette e-conférence est de proposer une réflexion sur les liens entre durabilité et intégration des femmes dans les bâtiments et les villes. Alors que les enjeux environnementaux imposent de faire évoluer les espaces urbains, plusieurs questions relatives à la place des femmes et à l’inclusion dans la ville durable émergent. Et si ces deux problématiques sociétales majeures étaient liées ?

 

La ville, un milieu spatialisé selon le genre

Lors d’une conférence donnée en 2018 sur cette thématique, l’enseignante-chercheuse Marianne Blidon donne un aperçu des caractéristiques urbaines marquant l’influence du genre comme critère de construction de la ville. A travers l’exemple des toilettes publiques, elle souligne le fait qu’hommes et femmes ne vivent pas l’espace public de la même façon. Dès le plus jeune âge, les enfants intègrent cette nécessité d’un espace différencié pour homme et femme. Alors qu’aux Etats-Unis, la séparation était, auparavant, faite sur critère racial, il semblerait qu’aujourd’hui, nous ayons « besoin » de penser ce type d’aménagements à travers la catégorie du genre.

Selon l’association Genre et Ville, les femmes et les hommes sont catégorisés, restreints à des normes très réductrices, enfermés dans des rôles, articulés dans un système de domination des uns sur les autres. De la même manière, les territoires eux-mêmes sont qualifiés, normés, enfermés dans des « labels » : (quartier sensible, chic, zone rurale, de province…). Cette vision, très stéréotypée, fait perdurer des déséquilibres et réduit le champ des possibles en termes de bien-être, d’organisation et d’aménagement. Cette logique étant construite, elle peut aisément se déconstruire, avec toutefois la limite suivante : il ne suffit pas de créer des espaces pour que les personnes se l’approprient, l’influence des cultures et représentations restant prépondérante.

 

Quels sont les outils disponibles pour effectuer un diagnostic sur l’inclusion des femmes ? 

Nous sommes tellement conditionnés à considérer comme neutre notre usage de la ville, que ces disparités peuvent rester invisibles. Pour parvenir à rendre patent ce phénomène, plusieurs initiatives ou démarches sont menées dans les espaces urbains.

Ainsi, les marches exploratoires, lancées dans de nombreuses villes à travers le monde, visent à recueillir le ressenti des femmes dans l’espace public qu’elles fréquentent au quotidien, mais également à sensibiliser les hommes à ces problématiques. Ces marches servent de diagnostics, qui peuvent ensuite permettre de promouvoir de nouvelles actions afin d’accroître la durabilité de la ville et lutter contre les inégalités.

L’observation ethnographique est aussi un moyen de faire émerger ces thématiques. Cette démarche est à l’origine de deux études, qui ont été menées sur deux places symboliques à Paris : La Madeleine et le Panthéon. Une approche multidimensionnelle, basée sur les perceptions du bruit, l’ensoleillement, les usages formels et informels ont été croisés avec des données urbaines plus classiques, afin d’évaluer le ressenti de l’espace par les usagers. Il ressort également de cette étude le fait que les femmes passent peu de temps immobiles et sont rarement assises seules dans l’espace public, (en comparaison avec les hommes). Afin de rééquilibrer l’occupation de l’espace, la création d’aménagements inclusifs et durables a été pensée pour recréer l’ambiance d’un parc, espace naturel relativement mixte.

 

Quelle incidence une société plus égalitaire aurait-elle sur la construction de villes et de bâtiments plus durables ?

Pour les écoféministes, courant philosophique et politique né de la mise en commun des pensées féministes et écologistes, l’exploitation de la nature et la domination masculine ont de profondes racines communes et mettent en œuvre des mécanismes analogues (objectivation, dévaluation, violences…). L’oppression des femmes et la destruction de la nature seraient deux facettes indissociables d’un modèle de civilisation qu’il faudrait dépasser, afin de construire une ville durable.

Au croisement de l’enjeu d’inclusion au regard du genre, ainsi que de l’évolution de la ville vers une version plus durable, nous vous proposons de réfléchir à la façon dont ces deux enjeux s’influencent l’un l’autre, en compagnie d’experts et de professionnels de la ville et du bâtiment, (anthropologues urbains, architectes, enseignants-chercheurs, collectivités…) lors de notre conférence qui se tiendra en ligne le 4 mai prochain :

CONSTRUIRE UNE VILLE DURABLE POUR TOUTES ET TOUS : QUELS ENJEUX ?

 

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