Donner aux acteurs du secteur une vision plus globale de leur marge de manœuvre réelle, c’est ce que l’OID propose en consolidant un certain nombre de données existantes pour produire une nouvelle estimation ajustée à 3,9 teqCO2/m² !
Une prise de conscience récente du secteur de l’immobilier sur l’enjeu carbone
Voici quelques années que le secteur immobilier s’est saisi de la question du poids carbone des bâtiments, notamment en participant à la dynamique lancée par l’association BBCA et à la consultation E+C- lancée à l’initiative de l’Etat en 2017. Des organisations trans-sectorielles, telles que l’ADEME ou I4CE (Institute for Climate Economics) contribuent également à la montée en compétence du secteur sur les sujets liés à l’environnement et au dérèglement climatique.
Or, si ces travaux ont permis de réelles avancées au niveau de la prise en compte de cet enjeu, notamment au niveau de l’estimation des émissions liées aux Produits de Construction et d’Equipement (PCE), il restait difficile d’avoir une idée de l’empreinte carbone globale d’un bâtiment de bureaux au cours d’un cycle de vie de 50 années. Le chiffre total de 1,5 teqCO2/m² communiqué par BBCA fait désormais partie des repères de la profession, toutefois, il se concentre sur la construction et la consommation énergétique du bâtiment et ne reflète donc pas tous les postes d’émissions de GES.
Un poids carbone du bâtiment de bureaux réévalué et complété
C’est dans cette optique que l’OID a consolidé les données existantes afin de donner une vision globale ajustée de ce poids carbone, et de permettre aux acteurs du secteur de mesurer la marge de manœuvre réelle qui est la leur. Pour ce faire, le travail s’est articulé autour de trois axes majeurs :
• Intégrer les émissions liées aux PCE utilisés lors de tous les travaux récurrents ou ponctuels qui surviennent tout au long de la vie de l’actif. Rénovation, rafraîchissement, restructuration, tous ces types de travaux pèsent, par leur récurrence, sur l’empreinte carbone globale de l’actif.
• Partir des émissions énergétiques liées aux consommations énergétiques réelles et non théoriques, en reprenant l’indicateur OID 2018 d’émissions de gaz à effet de serre des bâtiments de bureaux. Cet indicateur est publié annuellement dans le Baromètre OID de la Performance Energétique et Environnementale des Bâtiments.
• Prendre en compte le poids carbone des services indispensables au bon fonctionnement du bâtiment, tels que la propreté et le traitement des déchets, la maintenance du bâtiment et la maintenance technique des équipements.
En intégrant tous ces éléments, le poids carbone global d’un bâtiment de bureau s’élève à 3,9 teqCO2/m².
Source : OID 2019
Un constat qui doit aider à faire évoluer les pratiques du secteur
La décennie qui vient s’annonce cruciale pour limiter autant que possible la hausse des températures, déjà anticipée à +1,5°C en France métropolitaine. Or, le secteur bâtiment est d’ores et déjà hors des clous des budgets carbone fixés dans le Projet de Stratégie Nationale Bas Carbone présenté fin 2018 dans l’optique de l’atteinte des objectifs de neutralité carbone de la France en 2050 (89 MteqCO2 émis en 2016 vs 80 MteqCO2 de budget carbone pour cette même année). Il est donc essentiel que la profession sorte désormais des constats, et traduise en actions impactantes sa prise de conscience sur ces enjeux.
Quelques pistes de réflexion peuvent être évoquées à ce stade :
– les travaux sont un puissant levier d’action sur les sujets carbone. Leur poids carbone devrait être systématiquement évalué avant validation, que ce soit pour les travaux lourds ou les travaux courants ; les émissions de PCE pourraient également être réduites en privilégiant le réemploi des matériaux et le recours à des matériaux bio-sourcés et à longue durée de vie.
– la question de la sobriété des usages ne doit plus être esquivée : quels seront les critères de confort acceptables demain au regard de l’enjeu carbone ? Faut-il forcément climatiser ? Quelle température de chauffage peut être considérée comme confortable ? Tous ces sujets viennent compléter et moduler l’axe « consommation énergétique », pour lequel les promesses d’efficacité technique (des immeubles théoriquement plus performants et moins consommateurs d’énergie) peinent à se traduire dans les performances énergétiques réelles mesurées des bâtiments.
– l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur immobilière, incluant les prestataires de toutes sortes, doit être sensibilisée et formée au sujet carbone, afin de pouvoir proposer des produits et services plus vertueux en poids carbone. La question des achats responsables mérite donc d’être posée, raison pour laquelle l’OID a initié l’an dernier un groupe de travail dédié à cette problématique.
– enfin, il est nécessaire de pouvoir s’appuyer sur une comptabilité carbone lisible et harmonisée à l’échelle du secteur.
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