Conférence “Biodiversité en immobilier : fédérer et transformer la filière” 

Les 4 ans du programme BIG : un moment charnière pour la filière immobilière 

La conférence organisée pour célébrer les quatre ans du programme Biodiversity Impulsion Group (BIG) a constitué bien plus qu’un simple anniversaire : un véritable jalon dans la transformation de la filière immobilière face aux enjeux du vivant. Dès les premiers instants, l’ensemble des participants acteurs publics, privés, académiques et opérationnels ont donné le ton : celui d’une mobilisation collective, déterminée et lucide, en faveur d’une approche renouvelée de l’immobilier. 

Un message d’ouverture qui fixe l’ambition et le cap 

En ouvrant la matinée, Juliette Lefébure, Directrice générale de l’OID, a tenu à rappeler le chemin parcouru depuis 2021. Elle souligne combien la biodiversité, longtemps perçue comme un sujet périphérique, est devenue une « condition essentielle de résilience et d’attractivité pour l’immobilier ». 
Elle rappelle également que lorsque BIG a été lancé, la compréhension des enjeux de biodiversité dans le secteur était encore “immature, floue et intangible”. Quatre ans plus tard, les choses ont profondément changé : des outils, des indicateurs, des retours d’expérience et une communauté structurée existent désormais pour accompagner la montée en compétence de la filière. 

Mais malgré ces avancées, Juliette pointe les difficultés persistantes : convaincre d’allouer du temps et des ressources, accéder aux données, définir des priorités, démontrer la valeur stratégique du vivant, autant de barrières qu’il faut encore dépasser, surtout dans un contexte économique où l’ESG est bousculé. 

Ainsi, l’objectif de la journée apparaît clairement : fédérer pour mieux transformer. La matinée s’articule comme un fil conducteur : des sources d’inspiration scientifique aux innovations concrètes, puis des outils de mesure aux leviers de culture et de formation. 

Une keynote structurante : Comprendre la biodiversité pour mieux agir 

Dans la continuité directe de cette introduction, Philippe Clergeau, professeur émérite du Muséum national d’Histoire naturelle, apporte une vision scientifique indispensable. Ses travaux sur l’écologie urbaine, les trames vertes, les continuités écologiques ou encore les formes urbaines permettent de passer du discours à la compréhension des mécanismes. 

Il montre comment la morphologie des villes influence directement la diversité biologique, la circulation des espèces et la résilience des territoires. Son message est clair : la biodiversité ne peut être réduite à un simple décor ; elle est un système vivant, interconnecté, qui doit être pensé dès la conception des projets. 

Cette intervention, ancrée dans la recherche et l’interdisciplinarité, prépare naturellement le terrain pour la suite : illustrer comment des solutions innovantes permettent d’incarner ces principes au quotidien. 

L’innovation comme prolongement naturel de la recherche : l’exemple Roofscapes 

C’est dans ce prolongement que s’inscrit la présentation d’Olivier Faber, architecte et cofondateur de Roofscapes Studio. En montrant comment les toitures en pente peuvent devenir des habitats vivants grâce à des plateformes végétalisées modulaires, il incarne parfaitement la jonction entre compréhension scientifique et action opérationnelle. 
Réduction des îlots de chaleur, amélioration des continuités écologiques, rétention des eaux pluviales : l’innovation devient un moyen concret d’adaptation au changement climatique et de régénération du vivant. 

Ce passage du concept à l’action donne une transition idéale vers un autre pilier indispensable : la mesure, sans laquelle aucune transformation n’est possible. 

Mesurer pour transformer : vers une filière plus outillée et plus mature 

La première table ronde, animée par Mireille Khattar Zepf, Responsable du programme BIG, s’appuie directement sur les constats formulés précédemment. Pour transformer, il faut mesurer ; pour piloter, il faut comprendre ; pour convaincre, il faut objectiver. 

Avec Ulysse Gaignard (CDC Investissement Immobilier), Axelle Bertin (Bouygues Immobilier) et Fanny Bancourt (BL évolution), les échanges ont mis en lumière l’importance d’outils structurants comme Biodi-Bat, enrichi en 2025 de nouveaux indicateurs plus robustes, adaptés aux besoins de reporting (CSRD, TNFD, SFDR…) et connectés aux stratégies biodiversité. 

Les exemples des intervenants montrent que l’outillage permet aujourd’hui : 

  • d’identifier les pressions et dépendances ; 
  • de hiérarchiser les impacts ; 
  • d’alimenter les reportings ESG ; 
  • de structurer des plans d’action cohérents ; 
  • et de nourrir les stratégies corporate en biodiversité. 

Fanny Bancourt évoque également la nouvelle norme ISO 17298, qu’elle pilote, et qui vient structurer au niveau international la démarche de diagnostic, les définitions et les exigences minimales pour élaborer un plan d’action biodiversité. 
Là encore, tout converge : la filière se professionnalise, s’outille, se normalise. 

Cette convergence appelle naturellement un temps plus participatif : tester les acquis collectifs. 

Un moment interactif pour renforcer l’appropriation collective 

Le quiz “Biodiversité : qui aura tout bon ?”, inspiré de la formation BIG, a permis au public d’expérimenter concrètement les notions discutées. 
 

Cette parenthèse ludique, loin d’être anecdotique, illustre un principe essentiel du programme : on ne transforme que ce que l’on comprend. 
 

En interrogeant la séquence ERC, le rôle du diagnostic écologique ou encore les bonnes pratiques d’entretien, le quiz montre combien la culture biodiversité doit s’installer dans les gestes professionnels du quotidien. 

Cette dynamique interactive crée une rampe idéale vers la dernière grande séquence : l’enjeu culturel et humain. 

Développer une culture biodiversité : un passage indispensable pour la filière 

La seconde table ronde, animée par Aminetou Ciré (Chargée de projet Senior BIG by OID), se positionne comme le chaînon logique après l’outillage : les outils ne suffisent pas si les équipes ne sont pas accompagnées. 

Avec Catherine Pouliquen (Crédit Agricole), Sarah Rharbaoui (OFB, MOOC Solutions fondées sur la Nature), et Stéphanie Merger (ENPC), les échanges montrent que la montée en compétence est désormais centrale. 

Le triptyque formation–sensibilisation–acculturation est présenté comme indispensable : 

  • le MOOC SfN  de l’OFB apporte des clés conceptuelles solides ; 
  • la nouvelle formation biodiversité en immobilier, développée par BIG, offre un socle opérationnel ; 
  • le serious game, orienté métiers de l’immobilier et biodiversité permettra une immersion pédagogique dans les situations de terrain. 

Les témoignages des intervenantes montrent aussi que les attentes des jeunes générations évoluent : la biodiversité est désormais perçue comme un enjeu de sens, d’impact et de cohérence. Cette évolution culturelle s’aligne avec le virage observé à l’international. 

Ainsi, la culture biodiversité ne se décrète pas : elle se construit, se partage, s’incarne. 

Une conclusion qui consolide l’élan collectif et projette 2026 

En conclusion, Mireille Khattar Zepf est revenue sur la dynamique engagée depuis la création de BIG et sur la transformation profonde qu’elle a permis d’initier dans la filière. 
Les nouveaux indicateurs de BiodiBat, l’accompagnement des stratégies biodiversité, le lancement du pavillon au SIBCA, les premières formations dédiées aux métiers… autant d’avancées qui témoignent d’une montée en puissance collective et structurante. 

Mais elle rappelle aussi que ces réalisations ne sont qu’un point de départ. Les années à venir appellent à aller encore plus loin, en renforçant l’usage de BiodiBat comme véritable outil de pilotage, en élargissant la communauté BIG vers les investisseurs et les gestionnaires d’actifs, et en installant durablement la culture du vivant dans l’ensemble des métiers de l’immobilier. 

C’est précisément là qu’intervient un message essentiel : 
au-delà des outils, des projets, des échéances, parce que le climat et la biodiversité sont indissociables, nos réponses doivent l’être tout autant. 
Cette vision intégrée est désormais incontournable : la résilience des territoires dépend de notre capacité à articuler ces deux enjeux et à les considérer comme deux dimensions d’une même transition. 

Ainsi, trois principes simples doivent guider notre engagement collectif : 

  • Toujours sensibiliser, car la compréhension est la première porte d’entrée vers l’action ; 
  • Toujours évaluer, parce que l’on ne transforme que ce que l’on mesure ; 
  • Toujours renforcer le vivant, en faisant de la biodiversité un réflexe, un critère, une évidence dans chaque décision. 

C’est dans cet esprit que Mireille a conclu : la transformation reste un chemin collectif, un mouvement commun. Et si BIG a permis de tracer une direction, c’est ensemble que la filière continuera à bâtir un immobilier véritablement contributif au vivant. 

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